Faire le singe en passant d’un paysage à l’autre. Enfin, façon de parler: à bord de ce side-car dédié à la promenade, la vitesse est tellement modérée qu’on ne demandera jamais au passager de faire le singe pour permettre au panier de ne pas se lever dans les virages un peu secs. Ça, c’est pour la compétition ou les films à cascades. Dans le side-car de Franck Poupard, on n’est pas là pour la performance, mais pour passer un bon moment inédit, en toute liberté.

Ce Niçois pur jus, éducateur pour la protection de l’enfance au Département, occupe son temps disponible en baladant les gens à bord de sa moto Changjiang. Une moto à trois roues et à trois places, dont une dans le panier, une autre derrière le pilote. Un véhicule contemporain, mais de style rétro, qui sillonne les routes azuréennes sous le sigle Riviera Side-Car.

On a testé la formule que ce passionné propose depuis le début de l’année aux amateurs d’immersions authentiques d’un autre temps après l’avoir vue à Lisbonne, au Portugal. Il a donc opté pour ce moyen de locomotion tributaire d’un permis moto gros cube.

À même la chaussée

Et c’est parti pour le circuit Nice City Tour entre la capitale azuréenne et Villefranche, via le mont Boron. Tarif: 99 euros pour une grosse heure de balade pour deux personnes (1). Départ devant les Neuf lignes obliques de Venet. Avec casque, mais pas de gants obligatoires dans le panier. Première impression: on est bien installé dans la nacelle, jambes étendues, mais on est pratiquement à même la chaussée et on se sent tout minus à côté des voitures et des bus. En tout cas, c’est stable. Sauf lorsque la moto, qui pourtant ne dépasse jamais les 50km/h, tressaute sur des nids-de-poule, des ralentisseurs, des pavés.

Place Masséna, boulevard Jean-Jaurès, place Garibaldi, rue Antoine-Gautier, place Île-de-Beauté. Des adultes et des enfants observent, amusés, l’anachronique équipage qui passe devant eux, le saluent de la main. Le side-car attire les regards, suscite la sympathie et le sourire. Pourtant, à l’origine, le passage installé dans le panier avait pour mission d’activer une mitrailleuse arrimée à l’habitacle. Les usages ont changé. Qui sollicite Franck? « Des touristes, souvent anglo-saxons, désireux de découvrir quelque chose de particulier, de profiter des paysages à travers un prisme différent d’une auto, d’un car à impériale. Des personnes qui enterrent leur vie de célibataire, qui se marient, peuvent également me solliciter. J’aimerais aussi développer des baptêmes, en lien avec des festivités locales. »

Un hybride bien agréable


Stop sublime au mont Boron. Photo Ch. R..

Le side-car poursuit sa route. Basse corniche, boulevard du Mont-Boron. Arrêt. « Pour le panorama. On peut faire des photos et je donne des indications sur la ville en contrebas. À partir de là, les clients sont éblouis. » Moyenne Corniche, route forestière, direction Villefranche-sur-Mer. Un pur bonheur. Un mix de moto, les joues caressées par l’air, sans le pilote qui obstrue la vue, et une voiturette confortable. En somme une bagnole avec chauffeur en modèle réduit et vision dégagée. Ce qui n’empêche pas quelques bémols, assumés par Franck: « On ne peut pas se faufiler entre les véhicules comme avec une moto traditionnelle. En outre, bien que l’engin soit stable, il faut faire attention à l’empâtement et à la possible déportation dans les virages. »

Nostalgie heureuse et spectaculaire

Deuxième halte panorama au mont Boron, « pour voir Nice d’un Côté, Villefranche et Beaulieu de l’autre, et réaliser qu’on a une forêt à quelques minutes du centre de Nice ». Redescente vers Villefranche, sa citadelle, on longe le quai de l’Amiral-Courbet. D’un côté, les bateaux qui dodelinent du mât, de l’autre, le cortège de restaurants. Dans l’un d’eux, Lou Bantry, on peut, sur réservation en amont, prévoir une vraie pause gourmande et déguster les spécialités régionales, moyennant un supplément de 30 euros pour deux. Aux Marinières, demi-tour et retour vers Nice. Des Japonais rient et prennent des photos de l’étrange palanquin sur pneus.

Basse Corniche, boulevard Maeterlinck, descente par l’avenue Jean-Lorrain avec arrêt devant La Réserve, l’avenue Franck-Pilatte, le boulevard Stalingrad, la place Île de Beauté, les quais Lunel, de la Douane, des États-Unis. Près d’une heure et demie s’est écoulée. Un road-trip sur la voie d’une nostalgie heureuse et spectaculaire.

1. Deux autres circuits sont possibles: French Riviera Tour entre Nice, Monaco, La Turbie (199 euros les 2h30 pour deux personnes) et un circuit Cannes City tour, en commun avec un collègue de Mandelieu (129 euros l’heure pour deux personnes). Contact: 07.44.98.54.88 et Riviera-sidecar.fr