Seul changement visible pour l’instant: un grand panneau de bois scelle l’entrée de l’ancien foyer de jeunes travailleurs, situé au 11, place d’Armes. Depuis le 1er juillet dernier, l’établissement géré par l’association Umane, anciennement Adapei Var Méditerranée, a définitivement fermé ses portes. Après une importante période de travaux, qui pourraient ne pas démarrer cette année, c’est une résidence étudiante qui devrait ouvrir à sa place, à l’horizon 2027 ou 2028.

« Ça fait déjà longtemps que le modèle économique du foyer de jeunes travailleurs ne fonctionnait plus », explique Alexandre Muller, directeur général d’Umane, structure de l’économie solidaire basée à La Valette. « On s’est donc rapproché d’un gros bailleur social et on a lancé, avec lui, un projet de résidence étudiante. On lui transférera la gestion. L’idée est bien de rester dans la philosophie initiale d’offrir à des jeunes des solutions d’hébergement. »

La Ville, qui souhaite réhabiliter le secteur de la place d’Armes, et le Département, propriétaire des murs, avec qui Umane est lié par un bail emphytéotique, soutiennent l’opération. Celle-ci consistera à reprendre et moderniser entièrement le bâtiment de six étages, afin d’y aménager une quarantaine de studios avec kitchenette – contre 76 chambres jusqu’alors – ainsi que des bureaux et un espace collectif. La fin d’une histoire? Plutôt « sa continuité », préfère y voir Alexandre Muller.

Jadis un foyer de jeunes filles

À cet endroit, en 1923, avait été ouvert un foyer de la jeune fille par des aumôniers de l’Église méthodiste américaine. Le but était alors d’arracher au trottoir les personnes fragiles happées par la prostitution dans les bas quartiers de la ville. En 1930, l’Église réformée de Toulon avait hérité des lieux, transformés en foyer de jeunes travailleurs en 1965. Ce n’est qu’en 2018, lorsqu’elle a fusionné avec l’association d’entraide protestante de Toulon, que l’Adapei a repris sa gestion.

Rebaptisé Central’Place, le foyer avait donc pour vocation de recevoir une petite centaine de travailleurs et apprentis en situation de précarité, âgés de 16 à 25 ans. Ce public pouvait y bénéficier d’un accompagnement vers l’insertion sociale et professionnelle. Jusqu’à la cessation de l’activité, il y a quelques mois.

« Malgré des travaux d’aménagement pour rendre l’endroit plus attractif, il restait structurellement déficitaire », justifie Alexandre Muller. « La configuration du bâtiment n’était pas simple. Il y avait notamment beaucoup de chambres doubles, sans coin cuisine, ce qui n’est plus guère dans l’air du temps ». Au contraire de l’accueil des étudiants, dont le nombre ne cesse de croître à Toulon année après année.