Par
Esteban Laurens
Publié le
20 juil. 2025 à 20h00
En 2014, après avoir passé près de 70 ans ensevelie sous la terre, une statue refait surface au domaine de la Flotte, à Bazas en Gironde. Depuis décembre 2024, la restauratrice Tiziana Mazzoni lui redonne vie, fragment par fragment, avec patience et passion. Une œuvre abîmée, marquée par l’humidité, les pillages, l’oubli… mais jamais abandonnée. À l’approche des Journées du patrimoine, cette pièce unique, à l’histoire très particulière, s’apprête à rencontrer à nouveau le regard du public.
Une redécouverte chargée d’histoire
C’est au cœur d’un domaine devenu désert, autrefois propriété de l’école religieuse de Bazas, que tout commence. La statue reposait là, enterrée, renversée, abandonnée. Marie-Bernadette Dulau, adjointe au maire en charge de la culture et du patrimoine à Bazas, se souvient : « Il y a eu des pillages, des gamins y traînaient, et elle a été renversée. C’est un miracle de l’avoir retrouvée ». Lorsqu’elle est enfin extraite en 2014, la pierre est couverte de terre, rongée par la mousse, marquée par sept décennies d’humidité. C’est une pièce abîmée, presque méconnaissable, qui émerge.
La statue a été retrouvée après 70 ans sous terre à Bazas en Gironde ©Document transmis à actu.frUn travail de restauration minutieux
Il aura fallu attendre décembre 2024 pour qu’un projet concret de restauration voie le jour. C’est Tiziana Mazzoni qui accepte de relever le défi. Elle nettoie pierre après pierre, utilisant une matière étonnamment familière : « J’utilise de l’eau de chaux, puisque c’est un calcaire, il fait déjà partie de la statue, il va donc pouvoir remplir les vides créés par la porosité », explique-t-elle. Une manière de soigner la pierre sans la trahir, de respecter l’œuvre telle qu’elle est.
Pas de tête pour le bébé : un choix assumé
La statue représente la Vierge Marie accompagnée d’un bébé… mais sans tête. Une absence frappante que Tiziana refuse de combler artificiellement : « Nous n’allons pas remplacer puisque nous ne savons pas comment était la statue à son apogée, tous les impacts ainsi que les manquements font partie de l’histoire de l’œuvre. Si nous remplaçons la tête du bébé ou les autres détails qui manquent, nous risquons la falsification. »
Après des mois de soins, vient le moment tant attendu de l’assemblage des fragments retrouvés à ses côtés en 2014, puis du masticage final pour combler les dernières lacunes. La statue, bien qu’incomplète, retrouvera sa place dans le patrimoine bazadais. Sa présentation est prévue le 21 septembre, lors de la Journée du patrimoine, juste après la messe.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.