Si l’homme de Vitruve est aussi célèbre, ce n’est pas seulement parce que son auteur l’est aussi. C’est parce que ses proportions, enfermées dans un cercle et dans un carré, semblent parfaites dès le premier coup d’œil. Pourtant, malgré 500 ans d’études attentives, les historiens et les scientifiques ne sont pas parvenus à comprendre les proportions choisies par le maître italien. Et pour cause, contrairement à une croyance répandue, celles-ci ne correspondent pas tout à faire au nombre d’or, souvent utilisé en art pour des procédés similaires.

Un entrejambe plein de mystères

Ce mystère pourrait toutefois avoir été résolu, comme le rapporte le site Science Alert, par un dentiste londonien appelé Rory Mac Sweeney. Celui-ci a en effet remarqué que l’entrejambe de l’homme de Vitruve est le sommet supérieur d’un triangle qui pourrait tout expliquer. Un extrait des notes de Léonard de Vinci à propos du dessin précise : « Si vous écartez les jambes… Et levez suffisamment les bras de sorte que vos doigts touchent la ligne supérieure de votre tête… L’espace entre les jambes forme un triangle équilatéral ».

Laissée de côté par la plupart des chercheurs, cette information a immédiatement attiré l’attention du dentiste. Après avoir réalisé quelques calculs, il découvre que l’écartement des pieds et la hauteur du sol au nombril produisent un rapport d’environ 1,64 à 1,65. C’est là que tout se met en place dans son esprit. Ce ratio lui est déjà bien connu puisque c’est celui du triangle de Bonwill, une figure qui sert à définir la disposition parfaite d’une mâchoire humaine en dentisterie moderne.

Les derniers secrets du maître

Il s’agit même plus largement d’un ratio optimal en ce qui concerne la stabilité et l’efficacité de l’équilibre d’éléments tridimensionnels dans la nature. Il est donc utilisé dans différents domaines du savoir depuis la fin du XIXe siècle. Et au moins depuis 1490, date estimée de l’Homme de Vitruve, par Léonard de Vinci. Ce qui confirme l’avance exceptionnelle de ce génie sur son temps.

La trouvaille de Rory Mac Sweeney va toutefois plus loin. En multipliant ce fameux triangle, il a révélé un motif octogonal au sein du dessin inspiré des textes de l’architecte romain Vitruvius, le premier à avoir exprimé l’idée que le corps parfait puisse entrer à la fois dans un carré et dans un cercle. Ce motif hexagonal est d’autant moins anodin qu’il exprime deux choses : que nous avons encore beaucoup à apprendre du maître absolu de la Renaissance italienne et que les secrets se cachent bien souvent sous nos yeux.