Au bout du fil, la voix s’étrangle : «Mon amour, tu me manques… Ils ont réuni les Cubains, je ne sais pas où ils nous emmènent. Oui moi aussi je t’aime… Baisers.» Comme presque chaque jour depuis son arrestation, le 9 juillet, Denis Durán Aguila fait usage de son droit à un bref appel quotidien pour joindre son compagnon, Alejandro (1), depuis le camp de rétention du sud de la Floride que l’administration Trump s’est plu à baptiser «Alligator Alcatraz». Cette vitrine de la cruauté assumée avec laquelle l’exécutif américain traque et enferme désormais des milliers de personnes chaque jour fut érigée fin juin, au bord d’une route étroite sinuant à travers les marécages des Everglades, sur laquelle règnent des nuées de moustiques gros comme des pépins de citron.