À quelques jours de nouvelles discussions prévues le 25 juillet à Istanbul avec la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, l’Iran a vivement critiqué les pays européens pour leur rôle dans l’échec de l’accord sur le nucléaire conclu en 2015. Selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Esmaïl Baghaï, « les parties européennes ont été fautives et négligentes dans la mise en œuvre ».
Signé en 2015 entre l‘Iran, plusieurs puissances occidentales, la Chine et la Russie, l’accord prévoyait d’importantes restrictions au programme nucléaire iranien, en échange d’une levée progressive des sanctions de l’ONU. Mais les États-Unis se sont retirés unilatéralement en 2018 de cet accord longuement négocié et ont réimposé des sanctions lors du premier mandat de Donald Trump (2017-2021).
Les pays européens avaient assuré leur attachement au texte. Le dispositif initialement envisagé pour compenser le retour des sanctions américaines a cependant peiné à se concrétiser et nombre d’entreprises occidentales ont été contraintes de quitter l’Iran, confronté à une inflation galopante et une crise économique.
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Un mécanisme « dénué de sens, injustifiable et immoral »
Aujourd’hui, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Iran est l’unique pays non doté de l’arme nucléaire à enrichir de l’uranium à un niveau élevé (60%), bien au-delà de la limite de 3,67% fixée par l’accord international conclu en 2015. Pour fabriquer une bombe, l’enrichissement doit être poussé jusqu’à 90%, d’après l’AIEA.
Face à cette situation, Paris, Londres et Berlin menacent désormais de rétablir les sanctions onusiennes contre l’Iran, comme le permet une clause de l’accord, accusant Téhéran de ne pas avoir respecté ses engagements sur le nucléaire. Un mécanisme « dénué de sens, injustifiable et immoral », a estimé Esmaïl Baghaï lors d’une conférence de presse hebdomadaire, arguant que l’Iran avait pris ses distances avec l’accord en représailles aux manquements des Occidentaux.« La réduction des engagements de l’Iran a été effectuée conformément aux dispositions » prévues par le texte, a assuré le porte-parole de la diplomatie iranienne.
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