Dans la Deûle, à Lille, on retrouve plus souvent des rats et des cadavres que des candidats à l’élection municipale. Pourtant, pendant que l’une de ses adversaires votait la loi Duplomb, Stéphane Baly, tête de liste Les Ecologistes, piquait volontairement une tête dans les eaux troubles du canal. Parce que, inspiré ou non par Jacques Chirac et Anne Hidalgo, l’écologiste lillois a le même objectif : offrir un site de baignade en eau libre à ses concitoyens.
La Deûle est tristement célèbre pour la macabre série de cinq noyades de jeunes hommes survenue entre 2010 et 2011. Le canal est par ailleurs interdit à la baignade, ce qui n’empêche pas les jeunes de plonger depuis les ponts lors des fortes chaleurs, alors que le bon sens et la couleur de l’eau devraient suffire à calmer les ardeurs. Des arguments qui n’ont pas empêché Stéphane Baly, qui a failli choper la place de Martine Aubry en 2020, d’aller s’y baigner samedi matin. En compagnie de membres de l’association Lille eau libre – et tout de même recouvert d’une combinaison –, le candidat écologiste a sauté à l’eau. « Ce n’est pas une incitation, mais un acte symbolique », a-t-il déclaré une fois séché.
« Une mesure sociale, écologique et populaire »
Il ne l’a pas fait au milieu des péniches mais dans un bras mort du canal, entre les ponts du Petit paradis et Napoléon. « Avant, ici, on s’y baignait », a assuré le candidat à la mairie pour 2026, rappelant « la grande traversée de Lille à la nage ». Une course de nage en eau libre dont la dernière édition remonte tout de même à… 1927. Stéphane Baly ne compte pas spécialement relancer cette compétition, mais plutôt donner à chaque Lillois « le droit d’accéder à un lieu frais » au regard des canicules successives. « Ouvrir des lieux de baignades est une mesure sociale, écologique et populaire », a-t-il insisté.
Du coup, comme l’avaient fait les maires de Paris Jacques Chirac puis Anne Hidalgo, Stéphane Baly, « maire de Lille en 2026 », compte bien rendre la Deûle baignable. « Bien sûr, il faudra analyser, expérimenter, rassurer », a-t-il reconnu, estimant qu’avec « de l’audace et de l’ambition » l’affaire peut se réaliser.
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Il faudra aussi un peu de sous, voire beaucoup. La Cour des comptes avait estimé « entre 200 millions et un milliard d’euros » le « plan baignade » de Paris. Certes, la Deûle n’est pas la Seine, mais on n’a pas non plus la perspective d’accueillir les Jeux olympiques à Lille.