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La majorité des Hongrois ont appris la nouvelle sur la page Facebook de Viktor Orbán. Le Premier ministre hongrois a annoncé jeudi dernier qu’une église avait été « incendiée » dans la région ukrainienne de Transcarpatie, à la frontière avec la Hongrie.
Une photo prise de nuit, jointe à la publication, montre ce qui semble être un incendie à travers la fenêtre du bâtiment.
Sur les murs de l’édifice, on peut par ailleurs lire les mots « Hongrois, sortez ! » et « Les Hongrois au fil du couteau ».
L’auteur présumé des faits affirme avoir été engagé pour une opération de déstabilisation
Une équipe d’Euronews s’est rendue sur les lieux quelques heures après l’incident pour tenter de comprendre ce qui s’est passé. Il est rapidement apparu que l’incendiaire n’avait endommagé que la porte de la sacristie. L’intérieur est resté intact.
Les graffitis avaient également été effacés par les autorités ukrainiennes quelques heures après l’incident, avant notre arrivée, et le site était gardé par la police.
Peu après, l’auteur présumé des faits a été arrêté. Selon le service de sécurité ukrainien, l’homme aurait avoué qu’il avait été chargé de déstabiliser la région frontalière et de créer un tollé qui pourrait ensuite être utilisé par les ennemis de l’Ukraine à des fins de propagande.
L’enquête a également révélé que l’incendiaire n’avait probablement aucune connaissance de la région. Une habitante de Palad-Komarivtsi nous a expliqué que la majorité des Hongrois ne fréquentent pas l’église gréco-catholique où a eu lieu l’incendie, car la grande majorité d’entre eux sont réformés.
Ce n’est pas le premier incident de ce type. Le 4 février 2018, des cocktails Molotov ont été lancés sur le siège de l’Association culturelle hongroise à Uzhhorod. Les autorités ont d’abord soupçonné des nationalistes ukrainiens, mais il s’est avéré qu’il s’agissait de provocateurs polonais payés par Moscou.
L’affaire József Sebestyén
Cet événement survient quelques semaines après qu’un homme de 46 ans, de nationalité hongroise, est mort près d’un centre de conscription en Transcarpatie.
Le médecin légiste a conclu que József Sebestyén est décédé d’une embolie pulmonaire causée par un caillot de sang, une version confirmée par des proches de la victime, qui affirment que son corps ne présentait aucune trace de coups.
Cependant, les médias pro-gouvernementaux hongrois ont prétendu, sans fournir de preuves, que le docteur avait été forcé de falsifier le rapport sous la menace, et que la victime avait en réalité été battu à mort par des « recruteurs » lors d’une conscription.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán s’est empressé de s’emparer de l’histoire pour dénoncer une prétendue « haine des Hongrois » en Ukraine, et Budapest a convoqué l’ambassadeur ukrainien pour exiger des explications.
Kyiv a précisé que József Sebestyén était un citoyen ukrainien et a dénoncé la tentative des autorités hongroises d’exploiter l’incident à des fins politiques, affirmant que cela risquait de nuire aux relations ukraino-hongroises.