Non, cette photo en une de l’article n’est pas une photo ! C’est un dessin. Il a 30 ans et il est parfaitement autodidacte. Mathieu Dutemps est aide-soignant aux urgences psychiatriques de Nice et sa passion est le dessin hyper réaliste qu’il pratique avec un talent hors pair. Depuis les confinements du Covid, le jeune homme est passé à la vitesse supérieure et son nom est de plus en plus visible dans le petit monde très fermé des artistes.

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En ce mois de juillet 2025, il attend le résultat de la finale d’un concours de réalisme international. Voici l’histoire de ce dessinateur hors normes.

« Mon père Jean-Claude dessinait des paysages ruraux au crayon quand il était jeune, mais je ne l’ai jamais vu faire. En revanche, depuis tout petits, ma mère nous a toujours donné des feuilles et des crayons à mon frère Thomas et moi. On jouait avec les feuilles et on était très créatifs en racontant des histoires avec nos dessins. » 

Comme toujours, c’est dans l’enfance que se trouvent les réponses. Celle de Mathieu Dutemps s’est déroulée à Nice à l’ombre d’activités artistiques qu’il pratiquait en famille.

Grain de peau ultra fin, regard réaliste... Will Smith version dessinée et non photographiée par Mathieu Dutemps.

Grain de peau ultra fin, regard réaliste… Will Smith version dessinée et non photographiée par Mathieu Dutemps.

© Mathieu Dutemps

Le dessin, c’est sa passion. Pourtant, il a quasi totalement arrêté de dessiner (à peine quelques caricatures de manière anecdotique, en dilettante) avant de reprendre à fond pendant la période du Covid en 2020.

« J’ai fait quatre ans d’ébénisterie d’art au lycée professionnel Pasteur de Nice. Ça m’a vraiment convenu lorsque j’ai trouvé cette formation. Durant ce cursus, on avait du design d’objets, de produits, de la marqueterie d’art. Ce n’était pas du dessin tout le temps, mais j’avais mon compte d’activités créatives et donc cela me convenait parfaitement », précise l’artiste. 

J’ai vraiment repris le dessin lorsque j’ai été engagé et que je suis devenu aide-soignant, sans doute parce que je savais que je n’avais plus d’activité artistique et que le besoin s’est cruellement fait ressentir.

Mathieu Dutemps, artiste.

 

Il raconte la suite de son histoire : » j’ai imprimé mes dessins chez mon imprimeur au port de Nice et tout est parti de là. Il pensait que c’étaient des photos  ! C’est grâce à lui que j’ai fait ma 1 ere exposition dans ses locaux du boulevard Stalingrad. »

Une histoire de rencontres et de chance, comme souvent.   Le délégué à la culture de la ville passe par là et s’intéresse aux dessins exposés. La suite, ce sont des articles dans des magazines et des journaux de la presse régionale et nationale.

L’aventure commence. »À partir de là, j’ai participé à un concours d’art international et j’ai été dans les cinq finalistes, ce qui m’a valu d’exposer au Musée d’art moderne de Barcelone en 2023. C’était inespéré et dans la foulée, j’ai créé mon site internet. »

Mathieu Dutemps a une quinzaine de dessins sur papier aquarelle à présent, ce qui fait une moyenne de trois par an sur des grands formats de 60 × 80 pour la plupart.

Depuis à peu près cinq ans qu’il s’est mis à dessiner de manière plus soutenue, il a dû s’organiser entre son travail, sa compagne, sa famille et sa passion.

« Ce sont mes autres passe-temps qui en ont subi les conséquences. Je manque de temps. Mais mes parents sont fiers maintenant. Je leur ai toujours demandé d’avoir un regard critique sur mon travail. Ça m’a permis de me perfectionner, car je suis très exigeant et je leur demandais, comme à tous mes proches à qui je montrais mes dessins, d’être sans concession. J’ai toujours eu besoin de ce regard critique ». 

Désormais, après avoir candidaté à d’autres concours internationaux, Mathieu Dutemps a très envie d’exposer : « C’est plus compliqué, car c’est un milieu très codifié qui n’est pas facile à intégrer et puis je n’ai pas l’âme d’un commercial. »

Espérons que des galeristes et autres institutions amateurs d’art sauront détecter le potentiel de l’artiste et valoriser son travail afin qu’il soit vu par le plus grand nombre.

L’artiste était l’invité de France 3 Côte d’Azur le 10 mars dernier. Grâce au QR code affiché à l’antenne, de nombreuses questions lui ont été posées par des spectateurs. Il a pris le temps d’y répondre.

  • Lana de Nice : comment faites-vous pour être aussi fort en dessin réaliste ? Et comment arrivez-vous à ne pas abandonner ? 

« Je dessine avec passion et beaucoup de discipline et la perspective du dessin final me motive tout au long du processus. Je n’ai jamais pris de cours. »

  • Sarah de Roquefort-Les-Pins : combien de temps prend un dessin à faire ? 

« Pour un dessin, il faut compter entre 400 et 500 heures de travail. Ça dépend de la quantité de détails. »

  • Agnès Farrugia de Nice : quel est le dessin qui vous a procuré le plus de plaisir ? 

« C’est celui de la femme avec la tresse parce que c’est ma copine ! »

 

  • Ramatteo de Puget sur Argens : quel est le dessin qui vous a pris le plus de temps ?

« C’est le dessin de la lentille futuriste qui s’appelle Futur has begun. »

  • Hugo de Monaco : est-ce qu’il vous est déjà arrivé de faire tomber quelque chose sur un dessin ?

« Ça m’est arrivé de renverser un peu d’eau sur un dessin et ça gâche le travail. Même de simples postillons peuvent parfois gâcher une zone, c’est pourquoi je dois toujours faire très attention. »

  • Anne-Marie de Saint-Paul de Vence : peut-on commander un portrait avec une photo ? 

« Oui en m’envoyant un message sur mon site internet ou sur Instagram. »

  • Ramatteo Parsi de Puget sur Argens : où peut-on trouver vos dessins ? 

« Sur Instagram où l’on peut d’ailleurs suivre l’avancée de chaque portrait en cours, ou sur mon site internet. »

  • Ambre de Nice : vendez-vous vos œuvres ?

« Oui, je vends des impressions (entre 100 et 600 euros selon le format) et pour les originaux, il faut m’envoyer un message parce que bien évidemment, c’est plus onéreux. » 

  • Charlotte – 8 ans de Nice : où trouvez-vous le temps de faire tout ça ? 

« Je m’organise en répartissant cette passion dans la semaine, mais en moyenne 2 à 3 h par jour sont consacrées au dessin. »

À lire aussi ces autres rencontres artistiques :

> « Tout est improvisé ! » Plombier de profession, il dessine des œuvres d’art très colorées.

> À Menton, l’artiste TooLate dénonce avec une œuvre les migrants morts en Méditerranée.

> L’une des plus grandes fresques jamais réalisées en France en cours à Fréjus.

  • Article publié une première fois en mars dernier.