Par
Théo Zuili
Publié le
21 juil. 2025 à 16h23
Alors que les canicules se multiplient à Lyon, la question des fontaines n’est plus seulement esthétique ou patrimoniale. Derrière les bassins à sec ou les jets d’eau en service, toute une stratégie municipale se joue entre des enjeux de rafraîchissement et d’économie d’eau.
À l’approche des élections municipales de 2026, le sujet prend de l’ampleur pour devenir un terrain d’affrontement politique. La mairie se défend et justifie.
Une joute politique
Entre la brumisation, l’évaporation et la possibilité de mouiller sa peau (nuque, bras) ou tremper ses pieds dans certains bassins, les fontaines sont désormais pensées comme des outils d’adaptation face aux canicules à Lyon.
Il est interdit de se baigner dans la fontaine des Jacobins à Lyon, mais rien n’empêche de se mouiller la peau ou tremper ses pieds. (©Théo Zuili / actu Lyon)
Face aux bassins vides, le maire LR du 2ᵉ arrondissement de Lyon Pierre Oliver dénonçait début juillet la multiplication des fontaines « à l’abandon » dans la Ville, citant comme exemple la fontaine de la place de la République. « Il est urgent de remettre de l’eau dans ces bassins », implorait l’élu.
La mairie avait répondu à actu Lyon que des pièces sur-mesure étaient sur le point d’êtres livrées pour permettre des réparations, réalisées depuis. Elle réagit plus en détails deux semaines plus tard.
« Chaque fontaine a ses spécificités »
« Chaque fontaine a ses spécificités, c’est plus compliqué qu’on ne le croit. Derrière, il y a des techniciens, des circuits d’eau, des enjeux patrimoniaux. En faire une polémique, c’est ignorer toute cette complexité », déplore Gautier Chapuis, adjoint écologiste au maire de Lyon, devant la majestueuse fontaine des Jacobins.
Entre panne temporaire et choix politique, « plus d’une cinquantaine » des 76 fontaines ornementales de Lyon sont aujourd’hui en fonctionnement, selon la Ville. Mais cette dernière réfute tout abandon et appelle à ne pas confondre délai et inaction.
Vidanges et maintenances à foison
Les vidanges mensuelles et les maintenances régulières sont gérées par trois fontainiers spécialisés, un métier de plus en plus rare. Julien, spécialiste depuis 15 ans, nous a fait visiter les entrailles de la plus belle fontaine de Lyon.
« La fontaine des Jacobins est en circuit fermé depuis le dernier réaménagé de la place, avant ça coulait puis finissait dans les égouts », se souvient-il entre les larges tuyaux.
Quand l’eau ne coule plus
Faut-il faire couler l’eau quand elle se raréfie ? La mairie décrit un équilibre « au cas par cas, en lien avec la préfecture, les arrêtés sécheresse, et l’état local de la ressource ».
La Ville assume fermer volontairement certaines fontaines en circuit ouvert (lorsque l’eau est perdue dans les égouts). Toutes les nouvelles rénovations visent le circuit fermé pour une eau pompée et recyclée : les seules pertes, par évaporation, participent au rafraîchissement de l’air et ne sont donc plus perçues comme du gaspillage.
« Du moins, on s’interroge au quotidien sur le bénéfice/risque pour le rafraîchissement et les ressources en eau », complète Gautier Chapuis.
Les fontaines plébiscitées
Cinq rénovations prioritaires sont prévues pour une remise en eau avant 2026 : fontaine Ipoustéguy place de la Comédie, Trion, Célestins et Grande Côte. Il faut compter entre 300 000 et 500 000 € par rénovation, et certaines ont été votées directement par les Lyonnais dans le cadre du budget participatif.
La fontaine des Célestins (Lyon 2e) doit être remise en eau d’ici 2026, selon les services de la Ville. (©Théo Zuili / actu Lyon)
« Il y a un enjeu budgétaire : on cadence ces rénovations en fonction de notre budget et c’est très heureux que les Lyonnais s’en emparent », félicite Gautier Chapuis.
Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.