Il s’agit d’une première en Europe : deux soldats de l’armée israélienne, présents en Belgique pour assister à l’édition 2025 du festival de musique électronique Tomorrowland, à Boom, ont été arrêtés dimanche 20 juillet et interrogés par la police fédérale belge s’agissant de leur possible implication dans des crimes de guerre commis dans la bande de Gaza, avant d’être relâchés. Ils ont été reconnus dans la foule après avoir arboré un drapeau de la brigade Givati, une unité d’infanterie de l’armée israélienne.
Cette enquête intervient suite au dépôt de deux plaintes, vendredi et samedi dernier, de la part de Fondation Hind Rajab (HRF) et du Global Legal Action Network (GLAN, réseau international de juristes spécialisés dans les violations des droits humains), s’agissant « de graves violations du droit international humanitaire qui auraient été commises dans la bande de Gaza par deux membres de l’armée israélienne », a déclaré le parquet général belge lundi 21 juillet.
Compétence universelle
D’après GLAN, qui a visionné des contenus postés par les intéressés sur leurs réseaux sociaux respectifs, sont en cause des attaques volontaires contre des zones civiles, des habitations et des hôpitaux, le recours à la torture et aux boucliers humains, et des détentions arbitraires massives et déplacements forcés de civils.
C’est la première fois qu’un pays européen reconnaît une compétence universelle s’agissant de crimes de guerre commis par des soldats israéliens. Les suspects ne sont pas Belges et les faits se sont déroulés à l’étranger. Le bureau du procureur s’est fondé sur le nouvel article 14/10 du titre préliminaire du Code de procédure pénale belge, entré en vigueur en avril 2024, en vertu duquel est attribuée aux juridictions belges la compétence pour connaître des crimes commis hors de Belgique sur la base des Conventions de Genève de 1949 et de la Convention contre la torture de 1984. Pour l’heure, l’enquête suit son cours.
25 États appellent à faire « cesser immédiatement » le massacre à Gaza
« Nous continuerons à soutenir la procédure en cours et appelons les autorités belges à poursuivre l’enquête de manière complète et indépendante. La justice ne doit pas s’arrêter là – et nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout », ont réagi la HRF et le GLAN dans un communiqué conjoint. Ils ajoutent qu’à « une époque où beaucoup trop de gouvernements restent silencieux, cette action envoie un message clair : les preuves crédibles de crimes internationaux doivent faire l’objet d’une réponse juridique, et non d’une indifférence politique ». Il est vrai que les nombreuses condamnations européennes depuis plusieurs mois face au génocide à l’œuvre dans la bande de Gaza sont autant de coups d’épée dans l’eau, tant elles ont été exemptes de sanctions à l’encontre d’Israël.
Ce lundi, vingt-cinq États, dont la Belgique, la France, le Canada ou encore l’Espagne, ont adopté une déclaration conjointe appelant à faire « cesser immédiatement » le massacre dans l’enclave palestinienne. « La souffrance des civils à Gaza a atteint de nouveaux sommets, ajoutent ses signataires. Le modèle de distribution de l’aide mis en place par le gouvernement israélien est dangereux, alimente l’instabilité et prive les Gazaouis de leur dignité humaine ». Il était grand temps que ces faits soient clairement reconnus, et ce par de nombreux pays. À quand des actes ?
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