Nouveau rebondissement dans l’affaire Georges Ibrahim Abdallah. Condamné à Paris en 1987 pour complicité d’assassinat de diplomates américain et israélien, le Libanais doit sortir de prison le 25 juillet. Une remise en liberté qui n’est pas du goût du parquet général de Paris. Dans un communiqué rendu public ce lundi 21 juillet, Marie-Suzanne Le Quéau, la procureure générale près la cour d’appel de Paris, a annoncé le pourvoi en cassation du parquet général de Paris dans ce dossier. Le militant libanais propalestinien va tout de même pouvoir quitter comme prévu sa prison vendredi 25 juillet.
«Par arrêt du 17 juillet 2025, la chambre d’application des peines de la cour d’appel de Paris a fait droit à la demande de libération conditionnelle formulée par Georges Ibrahim Abdallah à compter du 25 juillet 2025 et jusqu’au 25 juillet 2035, sous condition de quitter le territoire national et de n’y plus paraître», rappelle dans un premier temps le communiqué du parquet général ce lundi.
Toutefois, pour l’instance, cette décision «n’est pas conforme à la jurisprudence de la chambre criminelle de la Cour de cassation selon laquelle une personne condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité pour des faits de terrorisme ne peut bénéficier d’une libération conditionnelle sans mesure probatoire», par exemple un bracelet électronique en France pendant plusieurs mois, ou des obligations avec des comptes à rendre à un juge. La juridiction, dirigée Marie-Suzanne Le Quéau, précise par ailleurs que cette voie de recours «ne suspend pas l’exécution de la décision» : Georges Ibrahim Abdallah peut donc se rendre au Liban.
Derrière les barreaux en France depuis 1984, l’ancien chef d’un groupuscule de chrétiens libanais marxistes pro-palestiniens est en effet libérable depuis 25 ans. Il avait vu sa dizaine de demandes de remise en liberté échouer, avant d’obtenir gain de cause le 17 juillet dernier. Jeudi dernier, la cour d’appel a finalement ordonné la remise en liberté de Georges Ibrahim Abdallah, âgé de 74 ans, à condition qu’il quitte le territoire et n’y revienne plus.
Le tribunal puis la cour d’appel se sont dits favorables à sa libération, jugeant «disproportionnée» la durée de détention de ce détenu «âgé» au regard des crimes commis. Néanmoins, le parquet antiterroriste puis le parquet général lors de l’audience en appel se sont déclarés opposés à cette libération. Israël ne s’était pas manifesté pendant la procédure judiciaire, mais a «regretté» jeudi, par la voix de son ambassade à Paris, la décision de justice. «De tels terroristes, ennemis du monde libre, devraient passer leur vie en prison», a-t-elle écrit dans un communiqué.
L’ancien chef des FARL (Fractions armées révolutionnaires libanaises), un groupuscule de chrétiens libanais marxistes actif dans les années 80 et dissous depuis longtemps, avait été condamné en 1987 à la réclusion criminelle à perpétuité pour complicité d’assassinats de diplomates américain et israélien, à Paris en 1982.
Sa sortie de la prison de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) doit intervenir ce vendredi. Il est ensuite prévu que l’homme prenne un vol entre Roissy et Beyrouth, un départ organisé avec les autorités libanaises qui se sont réjouies de cette libération réclamée par elles depuis des années.
Les années passant, Georges Ibrahim Abdallah est petit à petit tombé dans l’oubli, à l’exception de quelques parlementaires de gauche et d’une poignée de fidèles manifestant chaque année devant sa prison.
Dans les années 1980, il était l’ennemi public numéro 1 et l’un des prisonniers les plus célèbres de France. Pas à cause de son affaire, mais parce qu’on l’a longtemps cru, à tort, à l’origine de la vague d’attentats de 1985-1986 qui avait tué 13 personnes dont 7 au magasin Tati de la rue de Rennes, et installé la psychose dans les rues de la capitale.
Les véritables responsables, des pro-Iraniens, avaient été identifiés deux mois après la condamnation à la perpétuité de Georges Abdallah. Ce dernier n’a jamais reconnu son implication dans l’assassinat des diplomates, mais les a toujours qualifiés d’«actes de résistance» contre «l’oppression israélienne et américaine», dans le contexte de la guerre civile libanaise et de l’invasion israélienne au Sud Liban en 1978. Malgré sa longue condamnation, l’homme a toujours refusé de renier ses convictions.