C’est une des annonces qui auront marqué la 29e réunion des alliés de Kyiv. Le Royaume-Uni et l’Allemagne se sont engagés dans un projet commun visant à fournir à l’Ukraine 220 000 obus pour le système antiaérien allemand Gepard. Les deux pays financeront également la fourniture de drones modernes sur le champ de bataille.
C’est ce qu’ont annoncé les ministres britannique et allemand de la défense, John Healey et Boris Pistorius, au début de la réunion du Groupe de contact pour la défense de l’Ukraine(UDCG), dite de « format Ramstein », qui s’est tenu lundi par visioconférence, rapporte le média ukrainien Yevropeïska Pravda.
« Avec nos amis britanniques, nous fournirons bientôt 220 000 obus de 35 mm pour le canon antiaérien Gepard, financé par l’Allemagne », a précisé Boris Pistorius, ministre allemand de la Défense.
Selon lui, pour protéger le ciel ukrainien, les alliés doivent « soutenir les forces armées ukrainiennes dans leurs actions offensives visant à affaiblir les capacités aériennes de la Russie ».
Son homologue ukrainien Denys Chmyhal, qui occupait encore la semaine dernière le poste de Premier ministre, a, pour sa part, appelé à l’achat urgent d’armes américaines pour l’Ukraine, en particulier des systèmes de missiles Patriot.
Il a noté qu’une autre attaque combinée massive avait eu lieu la nuit précédant la réunion : 24 missiles, 426 drones et drones de combat ont attaqué des cibles civiles en Ukraine. Cet assaut a de nouveau fait des victimes civiles.
Related
L’Ukraine a besoin de 6 milliards de dollars pour combler le déficit de production d’armes pour l’année en cours, a déclaré Denys Chmyhal.
Selon le ministre, cité par les médias ukrainiens, ces fonds permettront une augmentation significative de la production de drones FPV, de drones intercepteurs pour repousser les attaques des Shahed, et d’armes à longue portée pour s’assurer que « la guerre continue en Russie ».
Dans un message posté sur X, Chmyhal a remercié Boris Pistorius « pour son soutien à l’Ukraine » et a souligné que « l’Ukraine apprécie son engagement personnel dans le renforcement de nos capacités de défense ».
Dans une publication séparée, toujours sur X, le responsable ukrainien a indiqué qu’il avait convenu avec son homologue britannique d’organiser des entretiens de coordination hebdomadaires.
Protéger le ciel ukrainien
Les membres du Groupe de contact pour la défense de l’Ukraine, présidé par le Royaume-Uni et l’Allemagne, se sont réunis lundi pour discuter des projets du président américain Donald Trump visant à ce que les alliés de l’OTAN fournissent davantage d’armes à l’Ukraine.
La semaine dernière, le chef de la Maison Blanche a affirmé avoir conclu un accord avec les alliés de l’OTAN qui conduirait à des livraisons d’armes à grande échelle à Kyiv, notamment des systèmes Patriot, considérés comme l’un des meilleurs au monde pour la détection et l’interception d’un large éventail de cibles aériennes.
« Nous allons envoyer des Patriot à l’OTAN et l’OTAN les distribuera », avait déclaré Trump à la chaîne de télévision américaine CBS News. Selon lui, c’est l’alliance qui paiera les équipements.
Le président américain, qui s’exprimasuit aux côtés du chef de l’OTAN Mark Rutte, a déclaré que les armes seraient payées par les alliés européens et que les premières livraisons arriveraient « dans les jours qui viennent ».
Il est entendu que les pays européens transféreront les armes – prélevées sur les stocks existants ou achetées aux États-Unis – à l’Ukraine. Les armes de remplacement seront achetées aux États-Unis.
Le commandant suprême des forces alliées en Europe de l’OTAN, le général Alexus Grynkewich, a déclaré jeudi à l’agence AP que les préparatifs en vue de la livraison d’armes étaient « en cours ». L’ambassadeur des États-Unis auprès de l’OTAN, Matthew Whitaker, a déclaré qu’il n’était pas en mesure de fournir un calendrier.
Related
Le chancelier allemand Friedrich Merz a déclaré jeudi qu’il était convaincu que l’Allemagne parviendrait bientôt à un accord avec les États-Unis sur la livraison des Patriot.
Les négociations entre les ministres de la Défense sont « concrètes » et leur livraison est « une question de jours, voire de semaines », a déclaré Merz lors d’une visite à Londres.
Les forces armées allemandes, la Bundeswehr, vont remettre deux de leurs neuf systèmes Patriot restants et recevoir des remplacements de la part des États-Unis, selon un rapport de l’agence DPA publié jeudi. Cette décision intervient alors qu’il était prévu à l’origine d’acheter deux systèmes Patriot aux États-Unis et de les livrer directement à l’Ukraine.
D’autres systèmes pourraient être livrés par l’intermédiaire de la Suisse, dont le ministère de la défense a également annoncé jeudi qu’il avait été informé par le département américain de la défense de « redéfinir les priorités de livraison » de cinq systèmes précédemment commandés pour soutenir l’Ukraine.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé lundi au gouvernement de porter la part des armes ukrainiennes à 50 % au cours des six prochains mois en augmentant sa propre production.
« Les gens devraient voir que l’Ukraine possède ses propres missiles », a-t-il déclaré.
En outre, Zelensky a commandé un audit de tous les accords internationaux existants sur la production et la fourniture d’armes à son pays.
Le chef de la diplomatie française en visite à Kyiv
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, qui a débuté sa visite de deux jours dans la capitale ukrainienne, s’est entretenu avec Volodymyr Zelensky et a promis de maintenir la pression sur le Kremlin.
« La France tient ses promesses et continuera à les tenir », s’est-il félicité sur X, en soulignant que les drones français seront construits sur le sol ukrainien. « C’est cela la souveraineté et la confiance stratégique », a-t-il ajouté.
Après sa rencontre avec le chef de la diplomatie française, le président ukrainien a remercié « personnellement », dans un message sur X, « la France, le président Macron, et M. Barrot » pour le soutien « ressenti [par le peuple ukrainien] dès les premiers jours de la guerre totale ».
« Nous avons discuté de l’aide à la défense, en particulier des besoins en équipements de défense aérienne, de la formation de nos militaires et des résultats des réunions au format Ramstein. Nous sommes prêts à développer la production conjointe [d’armes]. Des entreprises françaises ont décidé de commencer à fabriquer des drones en Ukraine, ce qui est très utile », a ajouté le chef d’État ukrainien.
Dans le cadre de sa visite, Jean-Noël Barrot s’est rendu à la station de métro Loukyanivska, qui a été touchée par des tirs d’artillerie pendant la nuit de dimanche à lundi.
Il s’agit de l’une des stations de métro de Kyiv, qui sert d’abri aux habitants de cette ville de près de trois millions d’habitants.