Dmitro Haptchenko, employé municipal, fut l’un des premiers captifs des soldats russes qui ont envahi Boutcha à la fin de février 2022. Les militaires l’ont détenu dans une cave avec six membres de sa famille. Yeux bandés, mains ligotées dans le dos et debout contre un mur, il entendait ses ravisseurs débattre pour savoir s’ils allaient les tuer sur place ou les emmener à la lisière de la forêt pour les exécuter et les enterrer. “Ils n’en parlaient pas comme s’ils essayaient de nous intimider, mais discutaient objectivement”, se remémore Dmitro, au volant de son 4 × 4.

Les soldats ont finalement décidé d’attendre qu’un officier du FSB, le service du renseignement russe, vienne les interroger. Mais ce jour-là, il n’est pas venu, et Dmitro a pu profiter d’un moment d’inattention pour fuir, se cachant chez son père durant le reste de l’occupation. D’autres n’ont pas eu cette chance. Autour des positions russes, dans les bois près de la ville, les forces ukrainiennes ont trouvé neuf civils torturés et exécutés, puis trois autres corps non loin de là.

Bâton et détecteur de métaux

Dans Boutcha, les militaires ukrainiens ont été accueillis par un spectacle encore plus horrible. Des civils gisaient dans les rues, les cours et les appartements, exécutés sans distinction de sexe et d’âge.