Suspicion de dengue en Auvergne-Rhône-Alpes.L’un des premiers signes de la dengue est une fièvre aussi violente que brutale, accompagnée de maux de tête.© Freepik

Le 21 juillet 2025, l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes a publié un communiqué pour signaler un deuxième cas de dengue autochtone à Saint-Chamond, dans la Loire, confirmant une tendance à la hausse du développement inédit de maladies arboviroses du fait de la présence désormais incontournable du fameux moustique-tigre, présent désormais dans 81 départements, soit 84 % du territoire métropolitain.

Depuis début janvier 2025, Santé publique France recense déjà plus de 500 cas importés de dengue sur l’ensemble de la France métropolitaine. Ces cas concernent principalement des voyageurs revenant notamment des Antilles, d’Amérique du Sud ou d’Asie. Mais depuis le mois de juin, ce sont les épisodes de transmission autochtone qui inquiètent les autorités sanitaires : 13 foyers de transmission de chikungunya et de dengue ont déjà été identifiés.

Si la crainte d’une épidémie massive n’est pour l’instant pas à l’ordre du jour, les épidémiologistes s’accordent pour dire que ce sera sans doute le cas dans quelques années, du fait du réchauffement climatique. Et ces contaminations actuelles n’en sont que les prémices.

Ce nouveau cas autochtone de dengue au même endroit que le premier

La personne contaminée n’a pas voyagé récemment, ce qui signifie qu’elle a été infectée sur place, dans la même zone géographique que le premier cas détecté quelques jours plus tôt. Il s’agit du deuxième cas autochtone de dengue identifié cette année à Saint-Chamond, dans la Loire et en Auvergne-Rhône-Alpes.

“À ce stade, il n’est pas possible d’établir un lien avec le 1er cas autochtone identifié à Saint-Chamond”, précise l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes. Une enquête épidémiologique est en cours pour déterminer s’il existe un lien entre les deux cas, bien que rien ne l’atteste pour l’instant

Selon l’ARS, ce nouveau cas a bien été identifié dans un secteur proche du premier, ce qui a conduit les autorités sanitaires à renforcer les mesures de surveillance et à déclencher une opération de démoustication dans un périmètre de 150 mètres autour des lieux fréquentés par la personne infectée. Des agents sont également allés à la rencontre des riverains pour repérer d’éventuels cas suspects, tout en rappelant les bons gestes de prévention contre les piqûres de moustique.

Une tendance à la hausse depuis plusieurs années

Chaque été, la dengue fait son retour via les voyageurs revenant de pays endémiques. Et les chiffres donnent la mesure du phénomène : depuis 2015, Santé publique France recense chaque année au moins 500 cas importés. Ce chiffre a fortement grimpé depuis 2020, dépassant les 1 100 cas importés en 2023, et déjà 581 en 2025 au 15 juillet, selon le dernier bulletin épidémiologique de Santé Publique France.

En parallèle, les cas autochtones, inexistants il y a dix ans, sont devenus une réalité : le premier foyer local a été détecté en 2010, puis quelques cas isolés ont été signalés entre 2015 et 2018. Leur nombre a depuis explosé, avec 66 cas recensés en 2022, 45 en 2023, et jusqu’à 82 en 2024.

Les raisons ? Avec l’intensification des voyages internationaux, le moustique tigre plus présent que jamais sur l’ensemble du territoire et un climat de plus en plus propice à sa prolifération, les risques de transmission locale du virus augmentent chaque année.

Comment reconnaître les symptômes de la dengue ?

Les symptômes de la dengue apparaissent généralement entre 4 et 7 jours après la piqûre d’un moustique infecté. Dans de nombreux cas, la maladie peut être bénigne, voire asymptomatique. Mais lorsque les symptômes se manifestent, ils peuvent être impressionnants.

On observe une fièvre élevée (souvent au-dessus de 38,5 °C), accompagnée de maux de tête intenses, notamment derrière les yeux. Des douleurs articulaires et musculaires, parfois très violentes, font leur apparition, d’où le surnom de « grippe tropicale » ou même « fièvre casse-os ».

Des nausées, vomissements, une fatigue extrême et des éruptions cutanées peuvent aussi survenir. La dengue peut donc facilement être confondue avec d’autres infections virales, d’où l’importance de consulter rapidement un professionnel de santé si l’on présente ces symptômes après un séjour en zone à risque, ou dans une région où des cas autochtones ont été détectés.

Dans 1 à 5 % des cas, la maladie peut évoluer vers une forme plus grave appelée dengue sévère. Elle se manifeste par des saignements, une chute brutale de la pression artérielle, des douleurs abdominales intenses, des vomissements persistants ou une grande agitation. Cette forme grave nécessite une hospitalisation en urgence, car elle peut être fatale si elle n’est pas traitée rapidement.

Que faire en cas de suspicion de dengue ?

Dès l’apparition des symptômes décrits ci-dessus, la priorité est de consulter un médecin et de signaler tout séjour récent en zone infestée de moustiques tigres, même sans voyage à l’étranger.

Le diagnostic peut être confirmé par un test sanguin. La dengue étant une maladie à déclaration obligatoire, les professionnels de santé doivent obligatoirement en informer l’ARS pour permettre une prise en charge rapide et des actions de prévention dans l’entourage.

Une personne infectée par la dengue peut transmettre le virus à un moustique tigre qui viendrait la piquer. Ce moustique peut ensuite contaminer d’autres personnes. C’est pourquoi il est crucial, en cas de diagnostic confirmé, de se protéger des piqûres pendant plusieurs jours : port de vêtements couvrants, usage de répulsifs cutanés, installation de moustiquaires.

De même, il est vivement recommandé d’éliminer tous les gîtes larvaires autour de son domicile. Le moustique tigre pond ses œufs dans de petites quantités d’eau stagnante : coupelles, vases, gouttières bouchées, jouets d’enfants… Tous ces lieux doivent être vidés et nettoyés régulièrement.

À SAVOIR

Il est important de distinguer deux types de dengue lorsqu’on évoque la situation en métropole. Les cas importés sont des cas contractés à l’étranger, généralement dans des zones tropicales où le virus circule activement – Antilles, Asie du Sud-Est, Amérique latine… Ces cas ne présentent pas en soi de danger pour la population locale tant qu’ils ne croisent pas un moustique tigre prêt à transmettre le virus. En revanche, les cas autochtones, comme ceux signalés à Saint-Chamond, sont ceux où la personne malade n’a pas quitté le territoire. Cela signifie que le virus a été transmis par un moustique infecté localement, ce qui constitue une étape supplémentaire dans l’installation durable de la dengue en France métropolitaine.

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