Par Léa Mabilon
Le 22 juillet 2025 à 12h21
Charles III et l’un de ses jardins dans sa résidence de Highgrove en juillet 1986.
Tim Graham / Tim Graham Photo Library via Get
Highgrove, son refuge du Gloucestershire qui s’étend sur quelque 364 hectares est, de façade, un paradis sur terre. Mais selon une enquête du Sunday Times, le roi serait un tyran avec ses jardiniers.
Highgrove House, sa résidence de campagne dans le Gloucestershire (au sud est de l’Angleterre), a longtemps été décrite comme son havre de paix, son sanctuaire garni de roses, de lavandes, et d’autres plantes exotiques qui font sa fierté. Et pourtant, selon une enquête fouillée du Sunday Times, publiée dans son édition du 20 juillet, ce paradis horticole serait devenu un enfer pour de nombreux jardiniers. Depuis 2022, onze des douze employés permanents du domaine auraient quitté leur poste. Un turnover si massif que la fondation du roi – la King’s Foundation, qui gère les jardins – a dû recourir à des intérimaires, ou encore à des bénévoles retraités. En cause ? Des salaires très bas, une pression constante, et un management jugé toxique.
Des salaires trop bas
Highgrove House vu d’en haut.
David Goddard / Getty Images
En 2022, apprend-on, certains jardiniers n’étaient alors payés que 8,91 livres sterling (soit 10,30 euros) de l’heure, à peine au-dessus du salaire minimum dans le pays. L’un d’eux confie : «C’est comme s’ils vous disaient : vous devriez être reconnaissant de travailler pour le roi, la personne la plus importante du pays.»
À cela s’ajoute le tempérament de Charles III. On lit dans les pages du journal britannique que l’exigence et la méticulosité du roi seraient à l’origine de nombreux dérapages, Charles III, passant régulièrement entre ses allées, mains dans le dos, à la recherche de la moindre erreur envers ses employés. Pour exemple, selon les témoignages récoltés par le Times, il aurait exigé que l’on retire sur-le-champ un simple séneçon aperçu près de sa piscine, aurait pesté contre la disparition des étiquettes de son magnolia préféré, ou encore enragé contre la coupe trop précoce de ses delphiniums, qui aurait « gâché un de ses plus beaux moments de l’été ». Dans une lettre, il aurait regretté que ses jardiniers ne nourrissent pas suffisamment ses fleurs aux algues, comme il l’avait ordonné.
Par ailleurs, l’un des chefs jardiniers n’aurait pas passé sa période d’essai après avoir confondu le nom d’un arbuste japonais. «Sortez cet homme de ma vue», aurait tempêté le souverain. D’autres évoquent également une attitude de chaud-froid constante soufflée par le roi, entre commentaires tranchants et grandes envolées enthousiastes…en voyant une rose atteindre son épanouissement.
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Une enquête externe
Charles III et le prince Harry à Highgrove en 1986.
Tim Graham / Tim Graham Photo Library via Get
Outre le roi, son bras droit à Highgrove, Constantine Innemée, est lui aussi accusé d’avoir instauré un climat de peur sur le domaine. Il est soupçonné d’avoir hurlé sur plusieurs employés, notamment lorsque l’un d’eux a osé suggérer au roi l’embauche d’un spécialiste pour ses magnolias. À noter qu’en 2018, déjà, dans la biographie Rebel Prince: The Power, Passion and Defiance of Prince Charles, l’écrivain Tom Bower évoquait les jardiniers du roi contraints «de s’allonger à plat ventre sur une remorque pour arracher les mauvaises herbes à la main en raison de la haine de Charles III pour les pesticides», et «de militaires indiens à la retraite qui faisaient des rondes nocturnes avec des torches pour enlever les limaces des plantes», rappelle Vanity Fair .
Des accusations telles qu’à l’automne 2023, la fondation du roi a été forcée de commander une enquête externe, qui avait reconnu par la suite des «pénuries de personnel», des «pratiques managériales défaillantes», et un problème au niveau des salaires. Le rapport a finalement recommandé des formations et un soutien psychologique pour tous les employés de sorte à préserver leur santé mentale. Force est de constater que les conditions peinent toujours à s’améliorer, rapporte le Sunday Times.