Gérald Darmanin avait promis une mise en service au 31 juillet. L’annonce a été respectée. Selon le ministre la Justice, les « 17 premiers narcotrafiquants » ont été transféré vers la prison de Vendin-le-Vieil, cet établissement de haute-sécurité destiné à accueillir une centaine de narcotrafiquants « du haut du spectre ». 

Ce centre pénitentiaire est le premier à avoir été choisi pour accueillir les narcotrafiquants « les plus dangereux » du pays. Un deuxième quartier de haute sécurité doit entrer en fonctions à la mi-octobre à la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne). Le régime carcéral d’isolement y est inspiré de la lutte anti-mafia en Italie.

Sur X, le ministre s’explique: « pour changer radicalement la lutte contre le narcotrafic, j’annonçais le 6 mars dernier la création de la première prison de haute-sécurité à Vendin-le-Vieil. Moins de 5 mois après, grâce à un travail acharné de tout le ministère de la Justice, des valeureux agents pénitentiaires, des magistrats et des forces de l’ordre, les 17 premiers narcotrafiquants, parmi les plus dangereux de notre pays, viennent d’y être incarcérés après un transfert dans des conditions de sécurité hors normes. Pour la sécurité des Français. »

Des détenus contestent leur transfèrement 

Mais ces transfèrements ne se font pas sans « heurts ». En effet, plusieurs détenus ont contesté leur transfèrement vers Vendin-le-Vieil, où doivent être placés à l’isolement des narcotrafiquants jugés dangereux. 

« On le conteste par principe », a expliqué à l’AFP May Sarah Vogelhut, avocate de Guy B., surnommé « Mareko Scarla » et qui purge une peine de 25 ans de réclusion criminelle dont il a fait appel.

Elle explique que son client, qui n’est à ce stade « condamné définitivement à rien », ne comprend pas pourquoi il a été désigné pour cette nouvelle prison ultra-sécurisée et « redoute beaucoup les parloirs avec un hygiaphone », une vitre séparant le détenu de son visiteur.

Un autre avocat, Philippe Ohayon, a également indiqué à l’AFP contester le transfèrement de son client, sans en révéler l’identité. Quant à Benoît David, avocat notamment de Mohamed Amra, dont l’évasion avait coûté la vie à deux agents pénitentiaires en mai 2024, il a expliqué que son client ne lui avait pas dit s’il souhaitait contester son transfèrement mais qu’il le ferait pour cinq autres détenus.

Samedi après-midi, Guy B. et Me Vogelhut devaient présenter leurs observations à la direction du centre pénitentiaire de Beauvais, où le détenu est incarcéré. Ces observations seront ensuite transmises à la direction de l’administration pénitentiaire, mais cela n’a rien d’un « débat contradictoire », déplore l’avocate. Plaçant peu d’espoir dans cette procédure, elle indique que son client entend ensuite saisir le tribunal administratif en référé et sur le fond.

Guy B. sera jugé en appel à Nice 

En septembre 2023, Guy B. a été condamné aux assises des mineurs d’Aix-en-Provence à 25 ans de réclusion criminelle pour séquestration accompagnée d’actes de barbarie en bande organisée sur deux adolescents recrutés pour travailler sur des points de deal. Le procès en appel s’ouvrira fin septembre à Nice, selon son avocate.

Le jeune homme, âgé aujourd’hui d’une vingtaine d’années, est mis en cause dans plusieurs autres procédures, soupçonné notamment d’avoir planifié depuis sa cellule du centre pénitentiaire d’Aix-Luynes (Bouches-du-Rhône) l’assassinat d’Amine B., tué à Garges-lès-Gonesse en mars 2022.

Dans des écoutes, le jeune homme se vante de son appartenance au clan Yoda, au cœur d’une guerre sanglante avec le réseau de la DZ Mafia à Marseille. Mais pour son avocate, il n’y a encore « pas de vérité judiciaire » le concernant et l’administration pénitentiaire « fait absolument fi de la présomption d’innocence ».

Me Ohayon, pointe, lui, des transfèrements organisés « en violation totale de la décision du Conseil constitutionnel », qui a validé avec des réserves mi-juin la loi contre le narcotrafic créant ces quartiers de haute sécurité dans les deux prisons.

« Le Conseil constitutionnel exige qu’il soit établi des contacts depuis la prison entre le détenu et des réseaux criminels, et l’administration fait comme si cette décision n’existait pas, en fondant ses décisions sur de vagues suppositions », dénonce-t-il.