Après un début de carrière à Rouen suivi d’une trentaine d’années à Rodez, Chantal Grès s’est installée, avec son mari, à Saint-Pierre-la-Mer, dans l’Aude, où elle est ingénieur. Et quand elle ne travaille pas, elle s’adonne à sa passion de toujours, la peinture.

« J’ai trouvé mon équilibre, souligne Chantal Grès. Entre le côté professionnel, assez carré, et le côté artiste qui me permet de m’évader, de m’exprimer. » Car si elle travaille depuis longtemps à la Direction des territoires et de la mer, l’équivalent de l’ex-Direction départementale de l’équipement (DDE) pour les départements du littoral, où elle est ingénieur, responsable d’une unité de six personnes, l’Aveyronnaise, née Hébrard, en 1969, à Decazeville, et qui passe les six premières années de sa vie à Cransac, nourrit, depuis son enfance, une passion pour la peinture. Et le dessin, elle qui a décroché un bac E en 1988, au lycée Monteil. « On faisait beaucoup de dessin industriel, se souvient-elle. J’étais assez douée. C’était aussi très technique. »

Au couteau ou au pinceau, l’artiste peint des personnages en mouvement, se dirigeant vers la lumière.

Au couteau ou au pinceau, l’artiste peint des personnages en mouvement, se dirigeant vers la lumière.
Reproduction L’Aveyronnais

« Un challenge et une revanche » pour l’adolescente qui avait redoublé sa troisième, au collège des Quatre-Saisons d’Onet-le-Château (où la famille était installée), et à qui le principal avait alors conseillé de s’inscrire en CAP coiffure. Une autre époque où les femmes étaient cantonnées à certains métiers.

Bac en poche, elle choisit de préparer un DUT génie civil à Toulouse, où on lui ressert « le même discours ». On lui fait ainsi comprendre que la place d’une femme n’est pas dans le secteur des travaux publics.

Retour en Aveyron et rencontre avec son futur mari

Échaudée, Chantal Grès décide alors de quitter l’IUT et de préparer des concours d’entrée dans l’administration. En parallèle, elle décroche un petit contrat à la DDE – déjà – de l’Aveyron. Concours qu’elle décroche, en 1989, à Rodez, avant de suivre une année de cours à l’école des techniciens de Montpellier et de décrocher son premier poste dans un centre de formation à… Rouen. « J’ai choisi le poste qui m’intéressait plutôt que la localisation », précise-t-elle. Deux années avant un retour en Aveyron pour se rapprocher de François, alors directeur de l’Ogea 12 (1) qu’elle avait rencontré à Rodez en 1988.

Gruissan au temps de mars (2021, 40 cm x 120 cm), une toile représentant la célèbre plage des chalets.

Gruissan au temps de mars (2021, 40 cm x 120 cm), une toile représentant la célèbre plage des chalets.
Reproduction L’Aveyronnais

La jeune fonctionnaire est alors chargée d’études d’urbanisme. Le couple emménage dans la maison qu’il a fait construire à Onet-Village, en 1995, où grandissent leurs deux garçons, David et Jérémy, nés en 1991 et en 1994.

Une maison que François et Chantal Grès revendent, en 2015, alors qu’ils décident de s’installer sur les hauteurs de Saint-Pierre-la-Mer, station balnéaire sur la commune de Fleury, entre Valras et Narbonne-Plage. « Avant, on avait pour horizon un champ de vaches, sourit l’Aveyronnaise. Aujourd’hui, on a vue sur la Méditerranée. »

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Reproduction L’Aveyronnais

Habitant désormais à l’année à Saint-Pierre, le couple entreprend de rénover sa villa. Une bâtisse à ossature bois « construite par la société Fabre, de Rieupeyroux », souligne Chantal Grès qui, avec son mari, coule des jours paisibles dans ce petit paradis, à l’ombre du mûrier platane planté sur leur terrasse. Et si lui est retraité, elle, promue ingénieur en 2019, se partage entre son travail et sa peinture.

« Une envie d’avancer, sans jamais se retourner »

« Mon activité d’artiste m’a aidée à surmonter des événements douloureux. Mes tableaux traduisent cette envie d’avancer, de ne pas se retourner, explique-t-elle. Mes personnages sont en mouvement. Ils se dirigent vers la lumière. C’est ma philosophie de vie. »

Du relief sur la toile

Pour réaliser ses tableaux à l’acrylique, Chantal Grès troque volontiers le pinceau pour le couteau qui lui permet de mettre du relief sur ses œuvres. Du relief qu’elle crée aussi en intégrant de la matière. « J’utilise du sable de la Méditerranée que je filtre. Je travaille aussi avec du papier journal collé », explique l’artiste qui ne prend « jamais de modèles. Je crée des univers ».

Des œuvres qui parlent aux nombreux amateurs qui les découvrent lors des nombreuses expositions auxquelles participe l’Aveyronnaise. « Depuis 2019, je suis à fond, se réjouit-elle. J’expose un peu partout, dans les Pyrénées-Orientales, dans l’Aude… » Notamment dans « un lieu exceptionnel », les caves du château Rouquette, à Narbonne-Plage.

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Reproduction L’Aveyronnais

Un domaine viticole propriété de Jacques Boscary, un nom qui parle aux Aveyronnais puisque son oncle, Roland Boscary-Monsservin, figure politique de l’Aveyron, fut notamment ministre de l’Agriculture et maire successivement de Vailhourles, d’Onet-le-Château et de Rodez.

Au couteau ou au pinceau, l’artiste peint des personnages en mouvement, se dirigeant vers la lumière.

Au couteau ou au pinceau, l’artiste peint des personnages en mouvement, se dirigeant vers la lumière.
Reproduction L’Aveyronnais

« Au fil des années, nous sommes devenus amis », confie l’artiste qui retrouvera le château en septembre prochain pour une nouvelle expo. L’occasion de découvrir son univers et pourquoi pas d’acquérir une de ses œuvres. « Je vends l’intégralité des 100 à 150 tableaux que je peins chaque année », se réjouit Chantal Grès qui a aussi présenté ses toiles en Aveyron, son département, notamment à Estaing ou à Belcastel.

L’Aveyron où elle et son mari reviennent régulièrement. « On aime aller faire le marché à Rodez où on achète du bon fromage. Et on passe aussi prendre de la charcuterie et de la viande qu’on ramène dans l’Aude. »

(1) Association de gestion et de comptabilité qui accompagne les chefs d’entreprise.
Pour retrouver l’univers de Chantal Grès : c-gres.jimdofree.com