À la fin juin 2025, huit cas autochtones (*) de chikungunya ont été répertoriés en France métropolitaine depuis le début de l’année, « les plus précoces jamais identifiés dans l’Hexagone ». « D’autres cas seront vraisemblablement identifiés, y compris en dehors des zones habituelles de transmission », prévient Santé publique France. En Bretagne, par exemple ? A priori pas dans l’immédiat.
Trois communes colonisées, 53 sites sous surveillance
En Bretagne, l’insecte est durablement installé dans trois communes : Domagné (35), Rennes et La Gacilly (56). « Il peut être momentanément présent ailleurs mais n’y survit pas », explique Béatrice Gautier-Grall, ingénieure à l’ARS Bretagne.
L’agence bretonne, « qui essaie de freiner son installation », délègue à un prestataire, Altopictus, la surveillance du diptère dans la région. L’entreprise privée y scrute 53 sites : les principales aires urbaines, des points d’entrées du territoire (ports, aéroports) ou encore des zones d’intérêt touristique.
Une seule détection en 2025
De mai à octobre, 188 pièges pondoirs y sont répartis. Ces « antimoustiques » sont contrôlés chaque mois par des techniciens, qui relèvent la présence ou non de larves.
Les pièges pondoirs attirent les femelles prêtes à pondre et capturent les larves avant qu’elles ne deviennent adultes. (Altopictus)
En parallèle, les Bretons, s’ils suspectent la présence d’un moustique-tigre, peuvent transmettre une photo sur une plateforme de l’Anses.
De petite taille, le moustique-tigre est rayé blanc et noir et « caractérisé par la présence d’une ligne dorsale blanche le long de son thorax », décrit l’Anses. Contrairement au moustique commun, il a plutôt tendance à piquer le jour. (Depositphotos)
Cette année, aucun piège pondoir n’a révélé des traces de présence. Un seul signalement citoyen positif a été remonté, depuis Saint-Jean-Brévelay (56), mais la circulation de l’insecte n’était « circonscrite qu’à deux logements », assure l’ARS.
Le moustique-tigre finira par s’installer définitivement en Bretagne, d’ici 20 à 30 ans. C’est inéluctable.
« Le climat breton joue en notre faveur »
Comment expliquer aussi peu de détections ? D’abord par la physionomie du moustique-tigre. « Plus agressif et silencieux » que le moustique commun, son aire d’activité est, en revanche, « assez étroite », décrit Béatrice Gautier-Grall : « Il ne s’étend que dans un rayon de 150 mètres autour de son lieu de naissance ».
La région a, par ailleurs, l’avantage de pouvoir « bénéficier de l’expérience de territoires qui ont été confrontés plus tôt à l’arrivée du moustique-tigre et n’ont pu prendre des actions qu’a posteriori », ajoute l’ingénieure. La Bretagne, elle, a pu anticiper – la surveillance menée par Altopictus en est l’exemple. « Ce qui joue en notre faveur, c’est le climat breton, ajoute Delphine Binet, responsable d’agence pour Altopictus. Il limite l’expansion du moustique-tigre et sa capacité à répliquer des virus. »
Le chikungunya en Bretagne ? « Pas pour tout de suite »
Alors, quand parlera-t-on de chikungunya, de dengue ou de zika en Bretagne ? « La densification du moustique-tigre est encore trop faible » pour qu’il ait des chances de piquer un porteur humain et de transmettre l’infection, pointe Béatrice Gautier-Grall.
Malgré tout, l’insecte « finira par s’installer définitivement en Bretagne, d’ici 20 à 30 ans, estime Delphine Binet. C’est inéluctable. Cela amènera à des détections de cas autochtones. Mais ce n’est pas pour tout de suite. »
* On parle de cas autochtone quand une personne a contracté la maladie sans voyager en zone contaminée dans les 15 jours précédant l’apparition des symptômes.