Avec un chiffre d’affaires en hausse de 1,8 % en 2024, l’industrie du livre, en Allemagne, affiche sa satisfaction, même si le Börsenverein des Deutschen Buchhandels n’évoque pas les conséquences du taux d’inflation de 2,2 % sur la même période. S’il est moindre qu’en 2023, il pourrait avoir influencé les prix des ouvrages et ainsi gonflé le chiffre d’affaires global, estimé à 9,88 milliards €.

En 2023, le phénomène avait été remarqué, mais les niveaux de vente, en volume, ne sont pas détaillés dans le rapport annuel du Börsenverein. 

L’heure semble donc aux réjouissances, outre-Rhin, où l’on se félicite d’une « passion pour la lecture, en particulier chez les jeunes », d’après les termes du communiqué diffusé par l’organisation professionnelle. « Cette croissance du marché du livre est portée par l’engouement des jeunes âgés de 16 à 29 ans pour les livres, un public auquel l’industrie propose des offres attrayantes et bien ciblées », assure Karin Schmidt-Friderichs, éditrice et présidente du conseil d’administration du Börsenverein.

Elle relève par ailleurs des ventes importantes pour les titres du fonds, publiés un an ou plus longtemps avant la date d’achat, le signe, selon elle, « de la stabilité du marché sur le long terme et de la pertinence durable de ses propositions ». Ces ouvrages parus il y a quelque temps représentent tout de même 57 % des livres vendus en 2024.

Les livres audio, comme sur d’autres marchés occidentaux, jouissent aussi d’une dynamique soutenue, avec un chiffre d’affaires en hausse de 7,3 % sur un an, très largement issu des téléchargements (49,2 %) et du streaming (43,4 %).

L’année dernière, en se penchant sur les chiffres de 2023, le secteur s’était déjà réjoui de l’intérêt marqué des jeunes générations pour le livre. Néanmoins, l’ombre au tableau restait le nombre de lecteurs dans le pays, en baisse régulière depuis plusieurs années, et qui se ressent aussi dans l’effectif d’acheteurs : ils étaient 25 millions en 2023 [sur une population estimée à 83,8 millions de personnes, NdR], mais la baisse atteint 2 % en 2024.

À l’inverse, la cohorte d’acheteurs chez les jeunes de 16 à 19 ans est en croissance de 9,6 %, et de 7,7 % pour les 20-29 ans.

France et Allemagne, mêmes combats ?

Le Börsenverein attire l’attention des pouvoirs publics sur plusieurs terrains, en commençant par les politiques de soutien à la lecture. L’organisation appelle ainsi au maintien et au renforcement du KulturPass pour les jeunes âgés de 18 ans. Cet équivalent du Pass Culture a eu moins de succès que son homologue français, et le gouvernement fédéral ne serait pas forcément partant pour poursuivre l’expérience.

En matière de pratique de la lecture, le Börsenverein s’inquiète de difficultés croissantes au sein de la population, et souhaite une « stratégie efficiente et suivie de promotion de la lecture », déplorant que les responsables politiques « restent de marbre ».

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Parmi les autres préoccupations du secteur figurent le développement de l’intelligence artificielle, les éditeurs allemands réclamant des régulations et un encadrement du « pouvoir des oligopoles numériques ». À l’inverse, l’industrie souhaite un allègement des règles européennes, et notamment de son règlement déforestation, qu’elle rapproche d’une « monstruosité bureaucratique »…

À ce titre, l’édition allemande a moins produit en 2024, avec 58.346 nouveaux titres, contre un peu plus de 60.000 l’année passée. 

Anticipant les bilans de fin d’année, le Börsenverein avance de premières données pour 2025, moins réjouissantes : les ventes seraient en baisse de 3,3 % sur les six premiers mois de l’année…

Les données sont accessibles ci-dessous, dans le document de présentation du Börsenverein (en allemand).

Photographie : une librairie à Francfort (illustration, conceptphoto.info, CC BY 2.0)

 

 

 

Par Antoine Oury
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