En Russie, les députés ont voté mardi 22 juillet la sanction par une amende pour la consultation de contenus en ligne jugés extrémistes par les autorités. Une nouvelle étape dans le renforcement de la surveillance d’internet dans le pays qui, de surcroît, fournit des moyens supplémentaires de répression aux autorités.
Avec notre correspondant à Moscou, Jean-Didier Revoin
Les députés russes de la Douma ont ratifié mardi 22 juillet à une très large majorité toute une série d’amendements qui pourraient marquer un tournant dans le contrôle de l’espace numérique après le blocage de nombreux médias indépendants ou de plateformes comme YouTube ou Facebook.
Les parlementaires a adopté le texte avec 306 voix pour, 67 contre et 22 abstentions. Deux groupes parlementaires ont voté contre. « Les gens ne veulent pas de cette loi », a ainsi lancé le vice-président de la Douma Vladislav Davankov, membre du parti « Nouvelles personnes », la seule formation au Parlement d’orientation libérale, en appelant les élus à s’y opposer.
Dès le 1er septembre, la recherche délibérée de matériel extrémiste sur internet pourrait être passible d’amendes allant de 35 à 55 euros. L’utilisation d’un VPN pour accéder à ces informations sera en outre considérée comme une circonstance aggravante.
Censure et surveillance d’internet
Officiellement, ces nouveaux aménagements visent à lutter contre la fraude et les délits liés au transfert de numéros de téléphone et de comptes. Mais les opposants dénoncent le fait qu’une personne soit punie pour avoir pris connaissance d’une information considérée comme extrémiste, d’autant plus qu’il revient au ministère de la Justice de définir les contenus « extrémistes », de manière plutôt arbitraire. Le fonds pour la lutte contre la corruption d’Alexeï Navalny et le mouvement LGBT+ sont par exemple considérés comme extrémistes.
Le représentant du Parti communiste Artiom Prokofiev a également critiqué le projet, alors que le président de la Douma Viatcheslav Volodine l’a, lui, fermement défendu, arguant qu’il permettrait de s’opposer en Russie à « des plateformes en ligne occidentales, entre les mains de pays inamicaux, qui ont également lancé des sanctions contre nous ».
Les amendements ont été transmis au Sénat russe pour examen et ce n’est qu’après leur promulgation par Vladimir Poutine qu’ils entreront en vigueur.
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