Des visages flous, des corps qui se disloquent. Un univers de chaos intérieur, traversé d’écrits illisibles. La palette, elle, est volontairement restreinte : noir, brun, ocre – autant de nuances de terre brûlée, pour un artiste qui utilise de la cire, de la cendre et de la suie, et parfois même une flamme en guise de pinceau, pour donner vie à son art.
Cette œuvre du plasticien, dévoilant une scène effrayante, rappelle les figures monstrueuses du peintre Goya, qui a inspiré l’artiste. K.B.
Oui, les œuvres du Bastiais Jean-Paul Marcheschi peuvent sembler obscures au premier abord, mais, dit-il, « ce qui me qualifie, c’est avant tout le feu ! »
Car derrière l’ombre se cache parfois l’illumination… C’est en tout cas ce qui ressort de l’exposition « Ombres et Lumières en Méditerranée », qui a démarré le 19 juillet et se clôture le 30 octobre sur l’île.
Du feu en guise de pinceau
À Porto-Vecchio, Bonifacio, Figari et Francardo, plusieurs œuvres majeures de l’artiste contemporain sont à découvrir, voire à suivre, à l’image d’une balade initiatique. Dans la cité du sel, six de ses créations habillent désormais les murs et recoins de l’espace Jean-Paul-de-Rocca-Serra et du Bastion de France, autour du thème de la tempête.
Et sur place, elles ne passent pas inaperçues, voire interpellent, à l’image d’une forme fantomatique noire, enfermée dans du plexiglas, telle une fumée qu’on aurait capturée, rendue presque palpable. D’étranges corbeaux en cire noire, à l’allure quelque peu funeste, font également partie du décor. Sur une toile, un bateau est littéralement happé par les vagues d’une mer déchaînée. Sur une autre, deux silhouettes, protégées par une aura lumineuse, font face à une figure démoniaque. Le ton est grave. De quoi symboliser avec force la confrontation entre ombre et lumière, si caractéristique du travail du plasticien.
Une silhouette fantomatique créée par l’artiste trône à l’entrée de l’office de tourisme. K.B.
Ses sources d’inspiration ? Les scènes monstrueuses du peintre Goya et les poèmes de Dante, qui a écrit sur les thématiques de l’enfer, du purgatoire et du paradis, cite l’artiste. « J’ai essayé d’explorer tout ça avec un flambeau. Pour quelqu’un qui peint avec de la peinture à l’huile colorée, l’exercice peut sembler illimité, n’est-ce pas ? », sourit-il. Ce dernier n’a néanmoins jamais renoncé à la couleur rouge, seule échappée vive de sa palette sépia si singulière.