Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a annoncé se rendre dans l’après-midi à Toulon, où le centre pénitentiaire a été la cible de tirs à l’arme automatique dans la nuit de lundi à mardi.
Dans la nuit de lundi à mardi 15 avril, plusieurs établissements pénitentiaires ont fait l’objet d’attaques, ont indiqué au Figaro plusieurs sources policières et pénitentiaires concordantes. Celui de Toulon a été visé par des tirs à l’arme automatique, a par ailleurs indiqué au Figaro l’entourage du ministre de la Justice Gérald Darmanin.
Selon nos informations, parmi les établissements touchés par ces attaques, il y aurait les prisons d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), de Valence (Drôme), Nîmes (Gard), Villepinte (Seine-Saint-Denis) et Nanterre (Hauts-de-Seine). Des voitures se trouvant non loin d’une résidence marseillaise connue pour loger du personnel du ministère de la Justice ont également été dégradées et incendiées.
Dans un communiqué, le parquet national antiterroriste (PNAT) a annoncé se saisir de l’enquête, par ailleurs confiée à la sous-direction antiterroriste de la DCPJ, les directions zonales de la police nationale concernées et la DGSI. Des précisions sur les qualifications retenues devraient être communiquées ultérieurement.
Toutes les hypothèses sont examinées concernant ces diverses attaques, a appris l’AFP de source proche du dossier, soulignant que des slogans anarchistes avaient été retrouvés sur certains véhicules incendiés.
Quinze impacts de kalachnikov
D’après nos informations, à Nanterre, vers 20 heures, deux individus ont été aperçus avenue de la commune de Paris en train de mettre le feu à un véhicule appartenant à un membre du personnel de la maison d’arrêt. Un bidon d’essence a été retrouvé à proximité du véhicule en feu. Environ deux heures plus tard, à Villepinte, vers 22h20, sur le parking de la maison d’arrêt, trois véhicules ont été brûlés, nous confie une source policière. Deux se trouvaient sur le parking visiteurs et un sur parking du personnel, qui est censé être sécurisé par un grillage et un portail électrique. Un bidon de 5 litres contenant de l’hydrocarbure a été découvert non loin. Selon les premiers éléments de l’enquête, deux de ces voitures appartiennent au personnel de la maison d’arrêt. Le propriétaire du troisième véhicule n’a pas été identifié. Toujours selon cette même source, d’après les images enregistrées par les caméras de vidéosurveillance, deux individus auraient incendié ces véhicules.
À Marseille, sur le parking près d’une résidence connue pour abriter du personnel du ministère de la Justice, plusieurs voitures ont été brûlées et taguées «DDPF».
Collection personnelle
À Aix-Luynes, de source pénitentiaire, deux véhicules qui appartiennent à des détenus en semi-liberté au sein de la SAS (Structure d’Accompagnement vers la Sortie) ont été brûlés. Un portail de la base ERIS a également été incendié. À Toulon, d’après cette même source, quinze impacts de kalachnikov ont été constatés, dont une a traversé le blindage de la porte d’entrée principale. «Il y a eu des tirs à l’arme lourde sur la porte du centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède vers 00h40, par plusieurs individus venus en véhicule, indique le procureur de la République de Toulon Samuel Finielz. Un peu plus d’une dizaine de douilles a été retrouvée». L’enquête de flagrance a été ouverte pour tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique et a été confiée à la brigade de recherches de la compagnie de gendarmerie de la Valette-du-Var, cosaisie avec la section de recherches de Marseille, précise le procureur.
Un mystérieux tag «DDPF»
À Marseille, dans le 13e arrondissement, vers une heure du matin, plusieurs voitures situées près d’une résidence où vivrait du personnel du ministère de la Justice auraient notamment été brûlées, selon un habitant sur place. Elles auraient également été dégradées avec le tag «DDPF», qui signifierait «droit des prisonniers français». À Valence, vers 21h45, deux véhicules appartenant à des surveillants pénitentiaires auraient également été incendiés sur le parking de l’établissement après avoir été tagués à la peinture rouge avec la même mention «DDPF», nous confie une source policière.
Des tags «DDPF» ont été retrouvés sur les voitures garées dans un parking près d’une résidence connue pour abriter du personnel du ministère de la justice.
Collection personnelle
Selon une source proche du dossier, «tout cela semble coordonné et manifestement en lien avec la stratégie contre le narcobanditisme du ministre». « À ce titre, Gérald Darmanin se rendra cet après-midi au centre pénitentiaire de Toulon pour apporter son soutien aux agents et s’exprimera sur place», indique cette même source.
Sur X, le ministre de la Justice a dénoncé des «tentatives d’intimidation». «La République est confrontée au narcotrafic et prend des mesures qui vont déranger profondément les réseaux criminels. Elle est défiée et saura être ferme et courageuse», a-t-il ajouté. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a de son côté demandé aux préfets de «renforcer sans délai la protection des agents et des établissements» après les attaques qui ont visé plusieurs établissements pénitentiaires. «La réponse de l’État devra être implacable. Ceux qui s’en prennent aux prisons et aux agents ont vocation à être enfermés dans ces prisons et surveillés par ces agents», a-t-il écrit, condamnant «des attaques inacceptables».