« Je viens d’atterrir à Marseille. Le sol colle, l’air pue » s’exclame un alien en sortant de sa soucoupe volante. Car oui, grâce à l’Intelligence Artificielle, les extraterrestres découvrent notre chère citée phocéenne ! Mais comme en témoignent ces premières paroles, la vidéo à but humoristique étale les clichés sur Marseille.
Des dizaines de vidéos comme celle-ci circulent sur les réseaux sociaux, particulièrement sur TikTok. Les personnages et les décors sont très réalistes, on reconnaît très bien le Vieux-Port, le cours Julien mais aussi le stade Vélodrome.
« Ma femme m’a dit que je devais choisir entre elle et mon match de foot, je lui ai dit que j’avais besoin de 90 minutes pour réfléchir » s’exclame un monsieur âgé en rigolant, l’écharpe de l’Olympique de Marseille autour du cou, entouré d’autres supporters.
Un outil utilisé pour véhiculer des clichés
À l’origine de ces vidéos, le nouvel outil générateur d’images de Google « Veo 3 » qui permet « d’ajouter des effets sonores, des bruits ambiants et même des dialogues à vos créations, en générant tous les sons de manière native », indique google sur son site. Lancée aux États-Unis en mai 2025, elle est utilisable en Europe seulement depuis début juillet. Pour créer une vidéo, rien de plus simple. Il suffit de décrire en quelques lignes la scène qu’on souhaite voir, et l’IA la reproduit.
Si certaines vidéos sont bon enfant, la plupart dégradent l’image de la ville et de ses habitants, tout en véhiculant des idées racistes. Sur l’une d’elles, on voit une jeune femme avec des lunettes de soleil se promener dans les rues de Marseille tout en se filmant, comme un vlog. Elle documente son « séjour à Marseille. »
« Jour 3 à Marseille je suis dans les quartiers nord. On vient de me voler ma montre, mais ce n’est pas grave, les vacances continuent » dit-elle avec un grand sourire. Derrière elle, la rue est pleine de déchets. Puis, elle continue, « jour 5 à Marseille, je me suis fait agresser seulement deux fois ce matin. » Au fil des jours, elle porte le hijab puis la burka, et finit par parler arabe.
Des vidéos à caractère raciste
Le biais raciste est confirmé par la description de la vidéo. L’internaute a écrit : « Processus d’intégration d’une influenceuse à Marseille. Sérieusement, il va falloir les dégager ces gens. » « Mais qui de l’utilisateur ou de la machine est à l’origine du caractère raciste des contenus diffusés ? » questionne TV5 Monde.
Dans une publication, un utilisateur écrit que lorsqu’il a demandé à l’IA « une expérience banale en Afrique », elle a créé un homme blanc, selfie stick à la main droite et bouteille d’eau à la main gauche, qui se fait suivre par un enfant noir demandant de l’eau. « Une scène qui perpétue l’image d’une Afrique pauvre nécessitant l’aide d’hommes blancs », commente la journaliste de TV5 Monde.
Ce n’est pas la première fois qu’un outil d’intelligence artificielle est pointé du doigt pour des contenus problématiques. En 2016, Microsoft et Bing sortent Tay, une IA à but conversationnel. Moins de 24 heures après sa création, l’outil formulait des réponses racistes, haineuses et colportant des fausses informations.