Le cocon de Dives-sur-Mer (Calvados) après la folie d’un grand moment d’histoire du sport français à Horsens, au Danemark. Le Normand Alex Lanier est le premier tricolore à remporter les Championnats d’Europe de badminton. Dimanche 13 avril, il est venu à bout de son compatriote Toma Junior Popov (21-17, 21-18). « Sur le moment, j’étais plutôt vide. Avec énormément de fatigue, c’est dur de ressentir quelque chose, rigole le jeune homme. Avec un peu de recul, je ressens encore plus de fierté. La compétition était plaisante. »

En tribunes, ses parents ont tranquillement « apprécié la finale » après une demie « très disputée » la veille face à Christo Popov qui leur aura « fait monter le cœur ». Celui du nouveau champion d’Europe aussi, face à cet autre Français « au niveau de jeu incroyable pour une longue bataille ». Et avant cela, Alex Lanier avait gambergé sur le quart, « plus stressant sur le plan mental, avec l’enjeu de la médaille et parce que j’étais sorti en quart de finale l’année dernière ».

Le cap est donc passé, jusqu’au titre cette fois, et illustre encore la trajectoire du jeune homme de 20 ans, numéro 10 mondial loin, très loin d’être rassasié. Son succès au Danemark l’ancre dans le top 10 et le rapproche, surtout, des strapontins devant lui. « Si on réussit encore bien, on peut vite monter », pense celui qui dit beaucoup plus « on » que « je » pour toujours intégrer son staff dans l’aventure. « On travaille énormément, physiquement, mentalement. Je ne suis pas surpris par ma progression car on fait les choses dans l’ordre », assume Alex Lanier, bien décidé à croiser le fer de plus en plus fort avec l’élite du badminton mondial, dont il fait désormais partie.

« J’arrive à un niveau où je viens à chaque tournoi pour le gagner »

Alex Lanier, champion d’Europe de badminton

« Il faudra sortir le grand jeu dans les grandes compétitions face au top 10, au top 5 », prévoit-il. Estelle, sa maman, décrit « une trajectoire qui s’accélère. Le travail paie ». Lorsque nous l’avions rencontré en septembre dernier, une éternité, l’espoir, qui a fait ses gammes au club de Dives-sur-Mer, avait remporté quelques jours plus tôt l’Open du Japon, un tournoi de catégorie « Super 750 ». Jamais un Français n’en avait gagné un. Un signe. Alex Lanier était alors entré dans le top 20 mondial. Dimanche, il a gagné 10 places.

Le Normand grimpe les marches à grandes foulées et sait déjà comme prendre le marchepied suivant : « J’ai beaucoup à bosser techniquement, au service par exemple. Cela doit m’aider à être plus efficace, à moins me fatiguer, à davantage pouvoir choisir quand je peux accélérer le jeu ». L’acharné de travail reprendra bientôt sa marche en avant mais Estelle Lanier le coupe : « Vacances et récupération », pendant une semaine. Il faudra bien cela avant l’Open de Singapour et le Super 1000 d’Indonésie le mois prochain. « J’arrive à un niveau où je viens à chaque tournoi pour le gagner », reconnaît-il. Rendez-vous est déjà pris.