Tokyo a obtenu une baisse à 15% des droits de douane sur l’automobile et échappé à la surtaxe généralisée de 25% dont il était menacé, celle-ci étant ramenée à 15%.

La négociation a payé. Le président américain Donald Trump a annoncé mardi 22 juillet la conclusion d’un accord commercial «énorme» avec le Japon, avec un allègement significatif pour les automobiles nippones, alors même qu’un compromis reste encore incertain avec l’UE, le Mexique ou le Canada d’ici la date butoir du 1er août. «Nous venons juste de conclure un énorme accord commercial avec le Japon», a indiqué mardi Donald Trump sur sa plateforme Truth Social, le qualifiant de «sans précédent».

«Le Japon paiera des droits de douane réciproques de 15% aux États-Unis», a-t-il indiqué, bien en deçà de la surtaxe de 25% dont l’archipel était menacé au 1er août. Le Japon, bien qu’allié clé des États-Unis, est actuellement soumis aux mêmes droits de douane américains de base de 10% que la plupart des nations, ainsi qu’à des surtaxes de 25% sur les voitures et de 50% sur l’acier et l’aluminium.


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Cet accord avec Tokyo va entraîner la création de «centaines de milliers d’emplois», a ajouté Donald Trump, mentionnant des investissements japonais à hauteur de «550 milliards de dollars» sur le sol américain, sans détail si ce n’est que «90% des bénéfices seraient perçus par les États-Unis». «Nous pensons que c’est une grande réussite d’avoir pu obtenir la plus grande réduction (des surtaxes) parmi les pays ayant un excédent commercial avec les États-Unis», s’est félicité le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba. L’annonce intervient alors que le négociateur Ryosei Akazawa effectuait son huitième voyage à Washington. «Mission accomplie», s’est-il réjoui.

L’acier et l’aluminium restent imposés à 50%

Le premier ministre japonais Shigeru Ishiba a toutefois affirmé mercredi qu’il devait encore examiner les détails de l’accord avant de pouvoir livrer ses commentaires. «Quant à l’interprétation de l’issue des négociations, je ne pourrai en discuter qu’après avoir examiné attentivement les détails des pourparlers et de l’accord», a-t-il indiqué à la presse à Tokyo après l’annonce de Donald Trump à Washington. Les surtaxes américaines de 50% actuellement imposées aux exportations japonaises d’acier et d’aluminium ne sont par exemple pas concernées par l’accord, a précisé mercredi le négociateur nippon Ryosei Akazawa. «Si vous me demandez si l’accord s’applique à l’acier et à l’aluminium, non ce n’est pas le cas», a-t-il indiqué à la presse à Washington.

Les dépenses de défense n’en font pas partie non plus. «L’accord ne contient rien concernant les dépenses de défense», a déclaré Ryosei Akazawa aux journalistes. Le président américain Donald Trump avait appelé le Japon, proche allié des États-Unis, à augmenter ses dépenses militaires, certains spéculant sur l’inclusion de cette exigence dans un accord commercial plus large.

Le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent avait déclaré le 18 juillet qu’un accord commercial avec le Japon restait «possible», à l’issue d’une réunion à Tokyo avec de hauts responsables japonais. La date d’entrée des nouveaux droits de douane est prévue le 1er août avec tous les pays, soit dans le cadre d’un accord commercial si celui-ci intervient d’ici là, soit avec l’application unilatérale par Washington de droits de douane parfois très élevés qui devaient initialement être appliqués début avril. Concernant le Japon, le milliardaire républicain avait menacé d’imposer 25% sur toutes les importations japonaises, en plus des surtaxes déjà sévères appliquées aux importations de véhicules, d’acier et d’aluminium.

L’industrie automobile soulagée

Cet accord permet surtout de sauver l’industrie automobile, qui a immédiatement retrouvé des couleurs. Et l’enjeu était de taille : l’automobile représentait l’an dernier presque 30% des exportations du Japon vers les États-Unis. Dans l’archipel, l’industrie automobile représente 8% des emplois, bien au-delà de Toyota, premier constructeur mondial. Or, suite aux surtaxes de 25% imposées depuis avril sur l’automobile, les exportations de voitures japonaises vers les États-Unis ont dégringolé d’un quart sur un an en mai et en juin.


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Selon le premier japonais Shigeru Ishiba, l’accord conclu prévoit que ces surtaxes soient divisées par deux, et s’ajoutent aux droits de douane préexistants de 2,5% pour parvenir à une taxation finale de 15%. Immédiatement dans la foulée, l’action Toyota s’envolait de plus de 14% à la Bourse de Tokyo vers 03h30 GMT. «Je me félicite vivement que cette étape majeure ait été franchie et dissipe l’incertitude qui préoccupait les entreprises privées», a réagi Tatsuo Yasunaga, président du Conseil du commerce extérieur réunissant les firmes exportatrices nippones.

Du riz importé des États-Unis

Selon Donald Trump, le Japon a accepté de s’ouvrir «au commerce des voitures et des pick-ups, du riz et d’un certain nombre d’autres produits agricoles» venant des États-Unis. Gonfler les importations de riz était ces derniers mois un tabou pour Tokyo, qui assurait défendre les intérêts des agriculteurs locaux.

«Nous avons poursuivi les négociations pour parvenir à un accord répondant à l’intérêt national du Japon et des États-Unis» et «rien n’impose des sacrifices à nos agriculteurs», a affirmé de son côté Shigeru Ishiba mercredi. Le Japon importe actuellement jusqu’à 770.000 tonnes de riz exemptés de droits de douane et pourrait importer davantage de céréales américaines dans cette limite – au détriment d’autres origines -, a-t-il expliqué.

«L’Europe viendra demain»

Washington entend imposer à partir du 1er août de massives surtaxes dites «réciproques», initialement prévues au 1er avril puis suspendues, à nombre de ses partenaires commerciaux, à moins que ces derniers ne concluent d’ici là des accords avec les États-Unis. L’administration Trump compte pour l’heure quatre de ces accords à son actif. Outre le Japon, le président américain a annoncé mardi en avoir conclu un avec les Philippines. Les États-Unis se sont par ailleurs déjà entendus avec le Royaume-Uni et le Vietnam. Et Donald Trump a détaillé mardi les conditions d’un accord-cadre conclu avec Jakarta, ouvrant la voie à un accord final encore à construire.

«L’Europe viendra demain et, le jour suivant, nous en avons d’autres qui viennent», a même assuré Donald Trump mardi devant des sénateurs républicains. Le président américain a décrété des droits de douane de 30% sur toutes les importations venant de l’UE et du Mexique à compter du 1er août. Le Canada encourt 35% de surtaxe et le Brésil 50%. Les États-Unis se sont par ailleurs entendus sur une désescalade avec la Chine, après une montée des tensions commerciales entre les deux premières puissances économiques mondiales.