Tricheries, bluff, impostures et dissimulations… De Maradona à Retailleau, de Marie-Antoinette à Stanley Kubrick, tout l’été, Libé brille de mille faux. Tous les épisodes de notre série «100% pur leurre» à retrouver ici.
Les beats qui jaillissent en saccade des enceintes recouvrent le bruit des vagues de l’Atlantique. La nuit est tombée : le Wave Beach, plage privée de la très chic péninsule de Lekki, à Lagos, s’échauffe. Le hypeman – entre un rappeur, un DJ et un chauffeur de salle – hulule : «Yahooooo, yahooooo.» Hommage à sa clientèle du dimanche soir : ceux qu’on appelle ici les «Yahoo Boys» (ou «brouteurs» en Afrique francophone), les arnaqueurs en ligne. Le Nigeria compte des dizaines de milliers de ces petits princes du scam. A Lagos, le Yahoo est devenu un secteur économique gigantesque, en même temps qu’un art de vivre et une culture.
Au Wave Beach, comme ailleurs, on reconnaît sans peine les Yahoo Boys à leur style. Baggys, lourdes chaînes et montres en or, bobs ou casquettes. Sur la terrasse du club, ils forment des groupes de cinq ou dix. Presque toujours accompagnés de filles. Ils se filment beaucoup, commandent beaucoup, fument beaucoup. Une brise de cannabis souffle sur la plage. Dans ce pays où 56 % des habitants vivaient sous le seuil de pauvreté en 2024, selon la Banque mondiale, les jeunes