Sans surprise, Sandrine Rousseau est à l’avant-garde de la lutte contre la très critiquée loi Duplomb, votée à l’Assemblée nationale le 8 juillet dernier. Ce lundi, la députée écologiste était l’invitée de nos confrères de France Info pour s’exprimer sur le sujet. Alors qu’elle réitère la nécessité selon elle « d’interdire l’importation des produits contenant de l’acétamipride » pour protéger les agriculteurs, elle propose également de « développer la recherche sur les solutions alternatives naturelles ».
Comme pour appuyer son propos, elle souligne que les entreprises qui « vendent les pesticides », sont « les mêmes qui vendent les produits contre le cancer ». Un double profit à dénoncer pour la députée, mais une affirmation aux tendances complotistes selon de nombreux commentateurs sur les réseaux sociaux.
FAKE OFF
Selon les internautes qui critiquent Sandrine Rousseau, celle-ci sous-entendrait que les groupes de chimie produisent des pesticides cancérigènes et les médicaments pour les soigner… presque de manière organisée.
🔴 Loi Duplomb ➡️ « La France doit être exemplaire. Il faut interdire l’importation des produits contenant de l’acétamipride », déclare Sandrine Rousseau. pic.twitter.com/l9skE25mcQ
— franceinfo (@franceinfo) July 21, 2025
L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement
En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.
Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies
J’accepte
Une intention que sa déclaration entière ne laisse pourtant pas transparaître. La voici : « Je rappelle une chose dont les gens doivent avoir quand même très conscience. Les entreprises qui vendent les pesticides font des profits au moment où elles vendent les pesticides. Ce sont les mêmes qui vendent les produits contre le cancer, et les médicaments contre le cancer, qui refont des profits au moment où elles vendent les médicaments contre le cancer. Ce sont les mêmes. Je veux dire, dans quel monde on est là ? »
L’exemple Bayer, épandeur et pharmacien
Contactée par 20 Minutes, la députée confirme : « Ah non, il n’y a aucun complotisme dans mes propos. Je veux juste souligner que c’est double bingo pour eux. Ils vendent des pesticides. Que ça provoque ou pas des cancers, c’est une première source de profit. Mais derrière, ils vendent des produits anticancer, soit une deuxième source de profit. Dans tous les cas, ils sont gagnants. »
Pour exemple, Sandrine Rousseau cite Bayer. En effet, Monsanto, filiale du groupe allemand, produit le Round UP, un désherbant dont l’ingrédient principal était le glyphosate. Ce produit, classé « probablement cancérigène » en 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), notamment en raison de risques de lymphome non hodgkinien, a été interdit de vente aux particuliers en 2022.
Retrouvez ici notre rubrique de fact checking : Fake Off
L’entreprise Bayer a d’ailleurs été condamnée à plusieurs reprises à verser des dommages et intérêts à des victimes de ce produit.
Autre exemple, le groupe allemand produit de l’acétochlore, dérivé de l’herbicide alachlore, interdit d’usage en Europe en raison de son potentiel cancérigène notamment.
Dans le même temps, l’entreprise originaire de Leverkusen est un acteur majeur de l’industrie pharmaceutique mondiale et produit plusieurs substances actives ou excipients utilisés dans des produits de lutte contre le cancer ou leurs symptômes : Larotrectinib (Vitravki : tumeurs métastasiques), Élinzanetant (cancer du sein) , Sorafénib (Nexavar : Cancer du foie et cancer du sein), etc.
Le développement logique d’un secteur : la Chimie
D’autres grandes entreprises sont dans cette situation, entre production de pesticides et liens avec l’industrie pharmaceutique.
BASF, autre groupe allemand et leader de l’industrie chimique, produit par exemple un fongicide à base d’époxiconazole. S’il ne produit pas directement de médicaments, BASF dispose d’une branche pharmaceutique qui propose des produits pouvant être utilisés dans la conception de médicaments et traitements anticancéreux.
Et les liens entre l’industrie de l’agrochimie et l’industrie pharmaceutique se font encore sous d’autres formes, comme ce fut le cas pour Syngenta (fusion des filières agrochimiques des groupes Novartis et AstraZeneca, souvenez-vous, les vaccins contre le Covid-19).
Ces liens ne signifient pas qu’il faut y voir un plan visant à produire une maladie et son antidote, mais plutôt comme un développement logique de compétences dans un secteur, la chimie.