Par
Rédaction Lyon
Publié le
23 juil. 2025 à 10h50
La cliente d’un restaurant lyonnais a laissé un avis négatif sur Google et TripAdvisor après une soirée qu’elle n’a pas appréciée. Quelques mois plus tard, elle a reçu un appel menaçant évoquant des poursuites judiciaires si elle ne les supprime pas. De son côté, le gérant de l’établissement concerné, le Falcone (2e arrondissement de Lyon), Charles-Henri Pascal, se souvient de la soirée et évoque une tout autre version des faits.
Première sortie depuis plusieurs mois
Celle que nous appellerons Stéphanie pour des raisons d’anonymat estime que cette soirée de fin d’année 2024 était « triste ».
Au sujet de la période qu’elle vient de passer, elle la qualifie de « très compliquée ». Et pour cause, puisqu’elle vient de vaincre un cancer. Obligée de limiter les sorties, elle a souhaité profiter de la fin de son traitement pour aller manger dans un bon restaurant en famille, puis de se rendre ensuite à un concert.
Ce dernier rendez-vous étant prévu à 20h30 à Cordeliers sur la Presqu’île lyonnaise. Durant ses recherches, elle tombe sur le « Falcone », un restaurant italien ayant de bonnes notes Google, les commentaires et la moyenne de 4,8/5 en témoignent. D’autant qu’il se trouve non loin du lieu du concert.
Banco, Stéphanie appelle et réserve pour 19h, l’heure d’ouverture de l’enseigne. Cela leur laisse 1h pour manger avant de se rendre au concert, prévu 1h30 plus tard. « Je demande au téléphone si c’est possible que l’on nous serve rapidement, on m’assure que oui ».
Une commande qui n’arrive pas, selon elle
Une fois le jour J, Stéphanie et sa famille arrivent sur place à l’heure prévue et sont installées. Leur commande comprenant des pizzas et une bouteille de vin en apéritif « pour patienter » est prise par une serveuse qui répond de manière « sèche », mais qu’importe.
Sauf que le temps passe et rien n’arrive, tandis que les tables autour sont servies. Stéphanie affirme interpeller les serveuses, qui lui assurent que leur commande est en cours de préparation et ne devrait pas tarder.
L’heure tourne et toujours rien. « À 19h55, je me rends au comptoir pour expliquer la situation et informer que l’on part sans avoir été servi », confie Stéphanie, qui se rappelle avoir été grandement « déçue » que sa soirée tourne au vinaigre.
Un avis acide
Si le concert était plaisant, Stéphanie garde l’expérience du restaurant en travers de la gorge et décide de laisser son avis sur la page Google du restaurant. Forcément négatif, ce commentaire décrit un « très mauvais » service et des serveuses « désagréables », et donne la note de 1/5. Elle en dépose un autre similaire sur la page TripAdvisor de l’établissement.
En plus de son commentaire, elle décide d’envoyer un mail via la page contact du restaurant, dans laquelle elle développe sa situation et revient sur son expérience.
Malgré la déception, elle reprend son travail et la vie continue. Mais quelques mois plus tard, elle reçoit un appel masqué. Elle n’y répond pas, et reçoit quelques instants plus tard, un message vocal qui apparaît dans sa messagerie.
« J’étais en état de choc »
Un homme se présentant comme un certain Maître Simonet, avocat du restaurant Falcone, l’appelle et lui explique que la direction de l’établissement réfléchit à porter plainte pour diffamation suite à ses commentaires publics.
Surprise, Stéphanie ne comprend pas ce qu’il se passe. « J’étais en état de choc », explique-t-elle.
Dans un premier temps, elle décide de supprimer son commentaire pour ne pas avoir d’ennuis, mais ne le trouve pas et n’y arrive pas. « Me menacer en justice pour un avis, cela va trop loin ».
La version du restaurant diffère
Contacté, le gérant du restaurant le Falcone, Charles-Henri Pascal, est au courant de l’histoire relayée dans cet article. Mais il évoque une tout autre version des faits.
Selon lui, les écrits de Stéphanie sont « complètement mensongers ». Stéphanie aurait demandé à être servie en 30 minutes, apéro compris, avant d’aller à son spectacle. Chose qui « n’était pas possible » étant donné que le restaurant était complet. L’une des serveuses présente lors du service en question confirme également cette version des faits.
« J’ai travaillé ce jour-là avec une autre serveuse qui ne collabore pas avec nous normalement et c’est elle qui s’occupait de l’étage », se souvient-elle.
« Cette dame nous demande d’avoir du temps pour prendre son apéritif, c’est généralement ce que font les clients pour ne pas que l’on envoie leur commande tout de suite en cuisine et que cela sorte trop vite », relate la professionnelle. « Ma collègue lui explique que cela est possible mais nous risquons de devoir envoyer les plats en cuisine de toute la salle avant ses plats et donc ils allaient mettre du temps à sortir ».
« Elle nous a laissé des commentaires complètement faux »
« Elle n’a pas forcément écouté et elle a voulu avoir le temps de prendre son apéritif. Elle s’est ensuite levée pour nous faire un scandale à quel point c’était honteux. C’est une petite salle et les autres clients ont aussi entendu. Ils étaient tout aussi outrés que nous. C’était assez lunaire. »
« On est restés calmes. Elle a réglé ce qu’elle a bu et est partie. Elle nous a ensuite laissé des commentaires complètement faux », affirme la serveuse. « On a regardé sur les caméras pour voir combien de temps elle a attendu et cela ne correspondait absolument pas avec ce qu’elle explique. »
La serveuse et le gérant relatent la même version. Ce dernier rajoute que Stéphanie aurait crié dans le restaurant en précisant qu’elle comptait mettre des mauvais avis sur différentes plateformes.
Le restaurateur envisage des poursuites
Charles-Henri Pascal confirme l’appel. « Je lui ai fait laisser un message sur sa boîte vocale », explique-t-il sans plus de précision. Néanmoins, il nous indique qu’il compte mettre cette cliente « en demeure ».
Le gérant du restaurant précise également qu’elle aurait déposé un deuxième avis Google qu’elle a ensuite supprimée.
Pour rappel, la diffamation est encadrée par la loi. En général, le délai de prescription en matière de diffamation publique et de diffamation non publique est de 3 mois.
« Franchement, je suis ok pour recevoir des commentaires une étoile de gens qui n’ont pas été contents, mais pour des gens qui ont mal parlé à mon personnel, qui sont de mauvaise foi et racontent des choses fausses, ça, je ne suis pas d’accord du tout. »
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