Par

Nicolas Zaugra

Publié le

23 juil. 2025 à 14h58

Hugues Chazottes, l’un des gérants des restaurants Copain comme Canard en a assez. Le patron d’établissement qui a ouvert deux établissements à Lyon, l’un à la Part-Dieu et l’un plus récemment un autre dans le 2e arrondissement en pleine Presqu’île place de la Bourse, est confronté à un phénomène de plus en plus agaçant : les clients qui réservent une table et qui ne viennent pas. Un « lapin » ou « no-show » qui a des conséquences bien plus graves qu’on ne l’imagine pour les affaires de ce restaurant indépendant spécialisé en viande de canard. « C’est un fléau pour les restaurateurs », estime l’un des fondateurs. De là à envisager en dernier recours, de réclamer une empreinte de carte bancaire. 

« Poser un lapin, ça plombe un service »

C’est Laura Thouroude, la directrice communication et marketing des restaurants qui a récemment poussé un coup de gueule sur Linkedin. Un message pour se plaindre des lapins posés par les clients, aimés plus de 300 fois. « Ça n’arrive pas quotidiennement mais c’est toutes les semaines. C’est 2/3% sur le nombre total de réservations. Dans notre restaurant de Cordeliers, c’est déjà monté à 5%. Ça peut grimper vite sur les grosses tables », dit-elle.

Si le chiffre peut paraître marginal, et il reste minoritaire insiste l’un des gérants, il a de graves conséquences sur le restaurant. « Une table de 8 à 21 h 30, on l’a bloqué et elle ne sera pas exploitée. C’est donc une perte d’exploitation. Une table de 8 personnes qui réserve et qui nous raccroche au nez lorsque l’on demande des nouvelles c’est un problème d’éducation », ajoute la directrice. 

« Quand on bloque une ou plusieurs tables et que personne ne vient, c’est aussi de nombreux clients refusés avant. Parfois 20 ou 30 lors d’une bonne soirée », explique Hugues Chazottes.

« Un restaurant, ce n’est pas un service public », rappelle Hugues. Dans un « secteur en souffrance », ce phénomène peut représenter 1 000 à 2 000 euros sur un bon mois. « Pour certains restaurateurs, c’est à peine ce qu’il reste sur la marge nette… », selon le patron. 

Problème d’éducation et de civisme 

Pour les responsables de Copain comme Canard, il y a aussi un problème d’éducation et de civisme. « En général, on ne nous prévient pas, et on filtre nos appels. Il est évident qu’il y a un problème d’éducation et de civisme pour certains. Quand on appelle et qu’on donne le nom du restaurant et qu’on nous raccroche au nez… »

« Heureusement, 90% de nos clients se comportent bien, appellent quand il y a un retard, s’ils ont une poussette ou s’ils sont moins. Quand on les remercie, ils sont d’ailleurs surpris », remarque Hugues Chazottes.

Le gérant assure que lorsqu’on réserve en ligne et que l’on n’honore pas sa réservation, le client peut virer sur « liste rouge ». Le logiciel permet d’ailleurs de voir l’historique de l’utilisateur et voir s’il est coutumier du fait. 

Demander une empreinte de carte bleue ?

Le phénomène s’étant généralisé à la restauration, Hugues Chazottes réfléchit à demander l’empreinte de carte bancaire au moment de la réservation comme ça se fait dans l’hôtellerie.

« Je me suis toujours refusé à demander l’empreinte bancaire. C’est compliqué pour un ami qui réserve une table de 10. C’est un peu marchandiser la confiance. On pourrait aussi demander une somme symbolique avant. Mais je pense que ça nous desservirait, on a énormément de réservations en ligne », constate le chef d’entreprise. 

En tout cas, Copain comme Canard demande déjà un acompte en cas de grandes tablées ou lors d’événements spéciaux comme la Saint-Valentin ou Nouvel-An. « C’est dommage d’en arriver là, on est dans un esprit de restaurant de copains, pas un étoilé », dit-il. En communiquant sur le phénomène des « no-show », l’équipe du restaurant espère éveiller les consciences… 

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