Dans leurs maillots et leurs shorts disparates, les joueurs du Nancy Handball débarquent par petites vagues à la « Box Vinkere ». Les retrouvailles sont, certes, chaleureuses, mais les visages sont graves. Nul besoin d’être grand psychologue pour constater que le cœur n’y est pas ! Et pour cause…
Ce mercredi matin, les Bleu et or sont venus honorer « la reprise de l’entraînement ». Comme convenu. Enfin, à quelques détails près ! Toujours dans l’attente de leur salaire du mois de juin (à l’instar du staff et plus généralement, de la vingtaine de salariés de la SASP), de leur dotation en équipement et d’une « communication claire » de la direction du club, Antoine Blanc et ses partenaires ne croiseront d’ailleurs à Tomblaine aucun de leurs dirigeants. Il faut préciser qu’en ce jour de rentrée « fantôme » – comme certains l’ont surnommée – ils sont accueillis gracieusement par leur préparateur physique Samy Cortes, le patron de la salle, qui s’est refusé à laisser les gars à la rue.
En l’absence d’Ulrich Chaduteaud (1), le directeur sportif Yann Ducreux tente de trouver les mots, face à une situation qui le ronge… Pris en tenaille entre une direction dont il déplore lui aussi le silence et un groupe composé (au moins pour moitié) « de smicards », confrontés à leur tour aux premiers impayés, voire aux menaces de leurs bailleurs. Tel est l’état des troupes du « NH » en cette fin juillet, à tout juste une semaine de la « conciliation » de la dernière chance (et d’une audience tripartite entre le CNOSF, la Fédération et le club lorrain) : un ultime recours (2) auquel ils ne sont plus nombreux à croire dans le vestiaire lorrain, où prédominent désormais amertume, colère, écœurement et sentiment d’abandon…
Yann Ducreux : « J’ai l’impression qu’on s’est servi de moi »
« Le staff médical n’ayant pas été payé, nous nous sommes également assis sur la visite de rentrée », complète Yann Ducreux, sans chercher à cacher son exaspération. « Je suis très remonté, très déçu. Je prends cela comme une trahison (Ndlr. Il n’est pas le seul à utiliser ce terme). J’ai un peu l’impression qu’on s’est un peu servi de moi car je n’avais aucune connaissance des ‘’dossiers’’. On m’a toujours rassuré en me laissant imaginer que les efforts financiers consentis, notamment sur la partie sportive, seraient suffisants. En deux ans, on a diminué de 40 à 50 % la masse salariale. On m’a demandé de monter une équipe de smicards et, potentiellement, je me retrouve face à une équipe de futurs chômeurs ! Aujourd’hui, je suis forcément désolé vis-à-vis des gars à qui j’ai vendu un projet et que je mets dans la m… (sic). Je suis avec eux, ils le savent », insiste, sans mâcher ses mots, l’ancien ailier, qui avoue ne plus espérer une issue positive.
« On a du mal à y croire, comme on a du mal à croire à la parole de nos décideurs. Ce que je n’accepte pas, c’est qu’on joue avec la vie de ces garçons. Si (Ndlr. En cas d’échec de la conciliation) 50 % d’entre eux retrouvent quelque chose cette saison, ce sera un miracle. Pour l’instant, on essaie simplement de les maintenir en forme », conclut Yann Ducreux, qui a donc prévu pour les semaines à venir un programme d’entretien minimaliste alternant entre « prépa physique et ballon » (à Vandoeuvre). Dans l’attente d’une décision qui n’interviendra pas avant la première semaine d’août, avec ses deux issues possibles : le difficile rétablissement de l’activité, en dépit d’une confiance pour le moins entamée… ou le dépôt le bilan !
(1) Rattrapé par des soucis médicaux, le coach nancéien (en arrêt maladie) n’a pas participé à ce premier entraînement. Pas plus qu’Émilien Deschamps (convalescent). Annoncés à Nancy sous forme de prêt(s), le pivot Erwan Modeste (Tremblay) et l’arrière gauche Noah Kouadio (Saint-Raphaël) ont, eux, obtenu l’annulation des démarches… (2) Sans le feu vert de la Fédé et celui de la Ligue, le NH ne peut aujourd’hui débloquer certaines rentrées financières – publiques ou privées – conditionnées à son maintien en D2.