L’histoire

Alors qu’ils cherchent à s’affranchir d’un lourd passé, deux frères jumeaux (Michael B. Jordan) reviennent dans leur ville natale pour repartir à zéro. Mais ils comprennent qu’une puissance maléfique bien plus redoutable guette leur retour avec impatience…

Notre avis

Ryan Coogler a un talent fou. Il l’avait déjà démontré via l’uppercut Creed relançant la franchise Rocky à coups de plans-séquences immersifs autour du ring, avant de signer Black Panther, l’un des meilleurs Marvel à date, dans lequel son acteur fétiche Michael B. Jordan incarnait le méchant de service. Et si la suite du blockbuster de super-héros était décevante, restait à savoir avec quel nouveau projet le réalisateur allait revenir. L’attente se termine enfin avec Sinners, un film qui brasse les genres avec une rare maestria.

À proprement parler le résultat pourrait se définir comme une rencontre entre Jordan Peele (Get Out) pour le versant engagé, avec ici un rappel des horreurs commises par le Ku Klux Klan, et Une nuit en enfer de Robert Rodriguez pour l’esprit vampirique, avec une action resserrée sur une seule nuit. À cela s’ajoutent de délicieuses références à John Carpenter, Sam Peckinpah et même aux Incorruptibles de Brian De Palma, lorsque l’ensemble lorgne du côté du film de gangsters, allant jusqu’à Al Capone, pour lequel les frangins ont travaillé. Un mix détonnant enrichi par des passages musicaux WTF qui eux-mêmes brassent le blues et la musique du folklore de la Nouvelle-Orléans avec des sonorités plus modernes. Le tout capté par une caméra flottante et dans un esprit vaudou…

Drôle et sanglant, le film a cette capacité à n’être jamais gratuit et à être éminemment politique dans son discours contre le racisme et l’oppression des peuples, avec des personnages en quête de liberté. Les plus marquants étant ceux incarnés par Michael B. Jordan qui, dans un double rôle, fait à nouveau des étincelles, confirmant qu’il est devenu un acteur incontournable d’Hollywood.