À vingt minutes de la place Stanislas, à Nancy se dresse entre Petit Mont et Grand Mont, Amance. Ici, le petit village offre un point de vue à 360° sans équivalent sur les environs, pour peu que l’on s’aventure sur la butte au poirier sauvage, non loin des ruines du château.
En contrebas, à l’ombre du majestueux cèdre du Liban de 160 ans et classé au patrimoine des dix arbres remarquables du département, le parvis de l’église est un point d’étape pour randonneurs et cyclistes. En pleine traversée du GR 5 ou après l’ascension de 170 mètres de dénivelé, tous les prétextes sont bons pour venir se poser à Amance.
D’ailleurs les plus vieilles traces du passé assurent qu’à l’époque gallo-romaine, le site était déjà habité, que bien plus tard, le comte de Lunéville y aurait construit une fortification au Xe siècle, période où le territoire servit de dot lorsque sa fille épousa Thierry 1er , duc de Haute Lorraine (972-1027). Enfin l’histoire retient aussi que l’avancée allemande de la Première Guerre mondiale fut stoppée, ici, en défense de Nancy, durant la bataille de Grand Couronné.
« La sensation d’être en vacances »
Pas de gaz de ville. Les pompes à chaleur et panneaux voltaïques sont interdits. Avec son église classée et ses vitraux signés Grüber, ses rues sans trottoir, Amance est effectivement en zone de protection du patrimoine.
Pourtant, sa conception particulière autour des ruines quasi disparues du château ainsi que sa préservation médiévale génèrent chez l’habitant infiniment moins de frustrations au registre de la rénovation thermique que de fierté de résider sur cette butte enroulée de petites rues.
Il est à peine midi sous le soleil d’Amance et en rare âme de sortie, Pierre, quadra détendu, balade son chien sur les ruelles pavées. Amançois il était, Amançois il est redevenu : « Ce décor et l’ambiance font que j’ai comme la sensation d’être ici en vacances. Je ne m’en lasse pas. J’ai effectué une petite dizaine d’années dans le Saintois avant de revenir. J’ai eu la chance de retrouver une maison pas trop loin de chez mes parents. »
Soixante mètres exactement pour finalement un retour au bercail assez pratiqué dans le village. D’ailleurs depuis cinq ans, la commune connaît un rebond démographique de 8 % (361 habitants au total).
Un festival de culture sur pierre
Croisé le matin même, le maire, Olivier Salvé , avait d’ailleurs vanté la richesse de l’endroit : « On ne veut surtout pas devenir un village dortoir, on n’a pas de politique de viabilisation de terrain mais lorsqu’un ancien s’éteint, c’est une famille qui s’installe ou revient. Il y a un vrai esprit de village, avec pas mal d’actions participatives. Actuellement on essaye de remettre en état d’anciens chemins pédestres connus des plus vieux. »
Tout est ici question de vivre ensemble, d’actes intergénérationnels : « Ces chantiers sont des appels aux volontariats appuyés par un incontournable pot de l’amitié. C’est presque devenu une mission du conseil municipal », sourit Sandra Hausser, ancienne habitante de la Métropole du Grand Nancy, devenue deuxième adjointe dans l’équipe municipale.
Une Amap, celle du Pichou, un brasseur, un producteur de moutarde contribuent à l’identité des lieux cimentée par les cinq associations du village. L’un d’elle, Les Amis du lavoir, a fait de la préservation du patrimoine sa contribution. Figure en œuvre majeure de rénovation de la charpente du lavoir. Avec son petit amphithéâtre naturel constitué de pierres sèches, ce lieu est aujourd’hui apprécié pour pique-niquer.
Un nouveau projet prendra corps les 13 et 14 septembre prochains, avec le premier festival de sculpture de pierre calcaire. L’occasion d’apprécier des sculpteurs de renommée nationale et internationale qui devront donner vie à cinq œuvres. Sur le thème du patrimoine du village, ils auront l’embarras du choix.