Par
Anaelle Montagne
Publié le
23 juil. 2025 à 15h46
« Je vais vous égorger, je vais vous découper, je vais appeler mes frères de Syrie pour vous pulvériser. » À l’origine de ces propos terrifiants ? Un homme de 27 ans, agité mais quasiment mutique, déjà connu de la justice pour violences et consommation de drogue. Il faisait à nouveau face aux magistrats de Toulouse ce mardi 22 juillet 2025, pour avoir proféré de graves menaces envers des policiers… qui intervenaient pour des violences conjugales. Les faits.
Très violent, mais incohérent
Toulouse, le 2 juillet 2025. La police est appelée à se rendre au domicile d’un couple et leur bébé de 8 mois : la femme, victime de violences, les a sommés d’intervenir. Une première patrouille arrive. Elle tombe sur un homme « sacrément amoché » et « en crise », dans un état de colère ingérable.
Là, il injurie les agents de police et les menace de mort. Ces derniers décident qu’il doit être transporté à l’hôpital, pour évaluer si son état psychiatrique est compatible avec une garde à vue. C’est là que la situation dégénère vraiment.
« Je vais te couper la tête »
Au cours du trajet en voiture jusqu’à Purpan, « monsieur avait des phases d’énervement », relate l’une des victimes, une policière présente à l’audience. « Il insultait les fonctionnaires et faisait référence à sa conjointe, disant qu’il allait la retrouver. Et puis sa colère redescendait. »
C’est aux urgences, en attendant le psychiatre, que le jeune homme profère de graves menaces envers tous les agents présents.
« Je vais te faire le Jihad », « je vais te couper la tête », « va niquer ta mère mécréant », « je sais où tu travailles »… Visiblement instable psychologiquement, il tient aussi des propos « complètement délirants ». « Il disait qu’il était le roi, le chef du Casino Barrière… », se souvient la policière.
En attendant la rédaction du rapport du psychiatre, « il a ensuite commencé à essayer de se lever, à taper, à se dresser face à un collègue, relate la policière. On a dû le maintenir sur le brancard alors qu’il était menotté ! C’était vraiment une intervention soutenue, il essayait de se taper la tête contre un mur… »
Pourtant, le médecin insiste : il pense « que monsieur fait semblant » et qu’il est compatible avec la garde à vue. C’est dans cet état qu’il sera ramené au poste pour y être entendu.
Faisait-il semblant ?
L’expertise psychiatrique demandée par la justice indique que le mis en cause n’est pas dans un état de décompensation psychologique et ne nécessite pas d’hospitalisation psychiatrique en urgence.
Il indique cependant qu’il aurait des troubles « de nature schyzophrénique, avec une tendance persécutoire ». Des troubles psychiatriques avérés et reconnus par la mutuelle des personnes handicapées, qui lui verse chaque mois de l’argent, insiste l’avocate du prévenu, Me Stéphanie Moura – dont le travail n’a pas été facilité par son client très silencieux, tant avec elle en amont de l’audience, que devant les magistrates.
« C’est un homme qui ne jouit pas de ses pleines capacités, il a des propos mégalomaniaques et délirants », commence l’avocate.
Quand je l’ai rencontré en garde à vue, il a tapé à la porte de sa cellule toute la durée de l’audition. Et quand il a été déféré, un matin à 11h30, les geôles ont insisté pour qu’il passe au plus vite, tellement il hurlait. Quand il a été entendu par la police concernant les menaces de mort, c’était derrière une porte fermée, tellement il était incapable de gérer son aggressivité ! Ce n’est pas tous les jours qu’on a ça.
Me Stéphanie Moura
Avocate du mis en cause
(Quasiment) pas de prison ferme pour le prévenu
Pour ce qui est des violences conjugales, la conjointe du jeune marocain n’a finalement pas porté plainte. Il était donc poursuivi pour outrage et menace de mort à l’encontre d’une personne dépositaire de l’autorité publique, en récidive. « Est-ce qu’il va passer à l’acte ? C’est ça la question ! », soutient l’avocate des parties civiles.
L’avocate du prévenu, elle, demande une peine mixte avec une détention à domicile sous surveillance électronique et une obligation de soins : « La peine d’emprisonnement ferme, c’est une cautère sur une jambe de bois. »
Le jeune homme, déclaré coupable, sera finalement condamné à quatre mois de prison « puisqu’il y a une altération du discernement », indique la présidente de l’audience. Mais attention : il était en détention provisoire depuis les faits et devrait sortir le 27 juillet au plus tard, pour purger sa peine chez sa mère, sous bracelet électronique. Il devra également payer 500 euros de préjudice moral à chacun des six policiers outragés.
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