CEMAL YURTTAS / Anadolu via AFP
Dans une longue tirage au Conseil de sécurité de l’ONU, l’ambassadeur palestinien s’est ouvertement interrogé sur ce qu’il devait dire à la population de Gaza, privée de nourriture par la guerre.
INTERNATIONAL – La famine est sur toutes les lèvres. Alors que l’ampleur du manque de nourriture dans la bande de Gaza ne cesse de choquer la communauté internationale. Et face au nombre grandissant de décès liés à la famine, le Conseil de sécurité de l’ONU a été le théâtre de vifs échanges entre les délégations israéliennes et palestiniennes ce mercredi 23 juillet.
« Que devons-nous dire ? » à la population de Gaza qui « meurt » de faim, a ainsi lancé l’ambassadeur palestinien Riyad Mansour face à l’ambassadeur israélien, Danny Danon. Une question à laquelle il a répondu en accusant une fois de plus le mouvement islamiste Hamas d’instrumentaliser la « souffrance » des Palestiniens pour « nourrir sa propagande »
Ce débat intervient au moment où plus d’une centaine d’organisations humanitaires ont averti mercredi qu’une « famine de masse » se propageait dans la bande de Gaza dévastée par la guerre. Un cri d’alerte auquel les États-Unis, allié de l’État hébreu, ont répondu en annonçant que l’émissaire Steve Witkoff se rendrait cette semaine en Europe afin de finaliser un « corridor » pour l’aide humanitaire.
Durant l’échange tendu, Riyad Mansour a déclaré : « À Gaza, des journalistes affamés couvrent la réalité du personnel médical et humanitaire qui tente de sauver la vie de nourrissons et d’enfants et de leurs familles eux-mêmes affamés ». « Nos enfants et les habitants de Gaza nous disent : “J’ai faim. Il n’y a pas de nourriture pour ma famille. Nous mourrons. Aidez-nous”. Que devrions-nous leur dire ? Que devrait leur dire le Conseil de sécurité ? », a-t-il interrogé.
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« Que le monde entier s’oppose à cette politique de famine et que pourtant la situation s’aggrave ? (…) Devrions-nous leur lire les déclarations musclées ou les résolutions adoptées ? Que devons-nous leur dire », a-t-il martelé. « Faisons-nous le nécessaire pour sauver des millions de vies en danger ? Respectons-nous nos obligations juridiques, politiques, humanitaires et morales ? La réponse est claire : nous ne le faisons pas », a encore ajouté l’ambassadeur palestinien.
En guise de réponse, Israël a estimé faire « le travail de l’ONU » dans la bande de Gaza, en accusant l’Ocha (le Bureau des affaires humanitaires des Nations unies) d’avoir par exemple « sous-évalué » le nombre de camions d’aide humanitaire entrant dans la bande de Gaza et d’être « biaisée » à l’égard de l’État hébreu.
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Lire la Vidéo « Israël fait le travail pour lequel l’ONU a été créée »
À l’ONU, l’ambassadeur d’Israël en a profité pour détailler des mesures contre des employés du Bureau des affaires humanitaires des Nations unies, qu’il accuse de « biais » à l’égard d’Israël.
Le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, avait annoncé dimanche avoir ordonné de ne pas prolonger le visa du directeur de l’antenne de l’Ocha dans les Territoires palestiniens, Jonathan Whittall, qui a plusieurs fois dénoncé les conditions à Gaza. Jonathan Whittall, qui réside à Jérusalem, « quittera le pays d’ici le 29 juillet », a donc précisé Danny Danon, impassible. « Israël n’accordera plus de visas automatiques au personnel international d’Ocha. Les visas seront désormais limités à un mois. Ce qui était le cas auparavant ne sera plus », a-t-il ajouté.
« Ça suffit. Assez d’hypocrisie, assez de partialité (…) Israël fait le travail pour lequel l’ONU a été créée : nous démantelons des réseaux terroristes, nous protégeons les civils, nous défendons les minorités menacées », a-t-il plaidé, en référence dans ce dernier cas aux Druzes en Syrie.
Si Israël a très partiellement assoupli fin mai un blocus total imposé début mars à l’enclave palestinienne, qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité, les manques sont encore nombreux. À ce titre, des journalistes à Gaza ont témoigné de la difficulté pour eux aussi de trouver à manger et donc d’avoir l’énergie nécessaire à l’exercice de leur métier. De quoi provoquer une réaction puissante de la part du Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à New York, qui a accusé ce mercredi Israël « d’affamer la presse, pour taire la vérité ».