Le 25 juin dernier, Paul Meyer a acté le lancement de son mouvement « Réconcilier Strasbourg ». L’ancien adjoint de Roland Ries sera notamment accompagné de Nawel Rafik Elmrini, elle aussi ancienne adjointe. Un mouvement de centre-gauche qui compte « mettre fin aux fractures qui minent la ville ».

Durant cette première partie de campagne pour les prochaines municipales, les mots sont doux aux oreilles de Strasbourg. Notre ville, « on l’aime » et on veut « la réparer » (Jean-Philippe Vetter), « on y croit » et « on la pense en grand » (Pierre Jakubowicz) et « on en parle » (Renaissance). Désormais, il est temps de se rassembler, pour « la réconcilier ».

C’est en tous les cas la proposition de Paul Meyer et de Nawel Rafik Elmrini, qui ont lancé leur mouvement le 25 juin dernier. Si leurs noms vous disent quelque chose, c’est normal : les deux ont fait partie de l’équipe de Roland Ries entre 2008 et 2020. Le premier était notamment adjoint du commerce et du tourisme tandis que la seconde a oeuvré 12 ans dans le domaine des relations internationales et des affaires européennes.

Plutôt que de rester assis et constater la dérive, on veut rassembler tous ceux qui ne se reconnaissent plus dans l’offre politique de Strasbourg.

Nawel Rafik Elmrini, ancienne adjointe aux relations internationales sous Roland Ries

cathédrale rue mercière © Anthony Jilli / Pokaa

Depuis 2020 et l’élection de Jeanne Barseghian, les deux personnalités strasbourgeoises ont pris des chemins opposés. Le premier a quitté la politique après la défaite d’Alain Fontanel en 2020 [il était 21e sur la liste du 2e tour, ndlr] pour du conseil en relations publiques et influence, tandis que la seconde [14e sur la liste du 2e tour, ndlr] a été élue sur la liste de Brigitte Klinkert aux régionales de 2021, dans le parti Territoires de Progrès.

Mais à 9 mois des municipales, il est temps de se rappeler aux bons souvenirs des Strasbourgeois(es), mais aussi des médias. Avec « Réconcilier Strasbourg », lancé le 25 juin dernier devant la presse, Paul Meyer et Nawel Rafik Elmrini comptent ramener à la vie l’âme de Strasbourg, avec « un rassemblement du centre et du centre-gauche ». Tout un programme.

paul meyer nawel rafki elmrini © Nicolas Kaspar / Pokaa

Réconcilier une « ville affaiblie » et une « maison divisée entre elle-même »

Et justement, pour le moment, c’est quoi le programme ? Si des premières propositions concrètes ont été annoncées (on en parle plus bas), l’ambition des deux ancien(ne)s adjoint(e)s est de refaire de Strasbourg la ville exemple qu’elle a été à travers son réseau cyclable, ses piétonnisations, le projet de la Coop, du Phare Citadelle ou de la Manufacture des Tabacs. Offensif envers la municipalité, Paul Meyer « cherche en vain des projets de cette ampleur et de cette dimension » dans le mandat de Jeanne Barseghian.

De son côté, Nawel Rafik Elmrini se déclare « très attristée de l’évolution de la ville, affaiblie, endettée sans grands projets ». Mais « plutôt que de rester assis et constater la dérive, on veut rassembler tous ceux qui ne se reconnaissent plus dans l’offre politique de Strasbourg », leur mouvement compte bien devenir une « alternance crédible à la gestion erratique des Verts et de l’extrême gauche (sic) qui redonne à Strasbourg son rang ».

Y a-t-il besoin de surpolitiser les choses ?

Paul Meyer, ancien adjoint du commerce et du tourisme sous Roland Ries

reconcilier strasbourg paul meyer Nawel Rafik Elmrini © Nicolas Kaspar / Pokaa

Alors, au-delà des paroles, comment faire ? D’abord en remettant au goût du jour les vertus du dialogue public, pour s’opposer aux « tensions croissantes qui gangrènent la ville, les clivages qui sont entretenus par la municipalité », selon Paul Meyer. C’est un peu vite oublier les secousses politiques qui ont traversé le deuxième mandat de Roland Ries avec le départ de plusieurs adjoint(e)s vers feu LREM en 2017, dont Nawel Rafik Elmrini, ou l’explosion du groupe municipal La Coopérative dirigé par Paul Meyer en 2018.

Dans leur mouvement, les deux ancien(ne)s adjoint(e)s se sont également entouré(e)s de membres de la société civile, comme Patrick Pessaux, professeur en chirurgie digestive, qui salue les innovations sur les « salles de shoot et le sport santé d’une ville qui prend soin » et assène que « l’écologie ne doit pas être punitive ». Olivier Ferrand de la Chambre de Métiers d’Alsace, et par ailleurs délégué national de Territoires de Progrès, défend lui les « artisans entravés pour développer leur activité économique », tandis que le barman Lucas Gacitua-Petit témoigne de « l’urgence de redonner du souffle au tissu économique strasbourgeois ».

vélo ancienne douane nouvelle douane © Anthony Jilli / Pokaa

Des premières propositions pour adapter Strasbourg au réchauffement climatique

Le 10 juillet dernier, « Réconcilier Strasbourg » lançait ses premières idées dans le débat public, afin de « rendre Strasbourg plus résiliante, agréable et protectrice pour ses habitants en période de chaleur extrême ». 

Critiquant « la surdensité [qui] a provoqué des îlots de chaleur insoutenables » [sous les mandats de Roland Ries, Strasbourg a énormément construit, ndlr], « certains aménagements particulièrement mal pensés et mal conçus » et « l’absence de politiques publiques innovantes et volontaires », Paul Meyer détaille 26 propositions, séparées en deux axes.

Pour aménager durablement la ville, « Réconcilier Strasbourg » compte notamment sur l’idée du 3-30-300, c’est-à-dire voir au moins trois arbres par les fenêtres de son logement, vivre dans un quartier avec au moins 30 % de surface arborée et résider à moins de 300 mètres d’un parc ou espace vert. On peut également mentionner la création d’un Plan ombre, le déploiement de fontaines publiques et de toilettes sur tout le territoire, reprendre en main le plan baignade pour relancer le projet des piscines flottantes mis au placard par l’actuelle municipalité.

Pour ensuite faire face aux pics de canicule, certaines mesures seraient déclenchées, comme la gratuité des piscines, des musées et des transports, généraliser l’ouverture des cours d’écoles, la réouverture des mairies de quartier ou le droit de changement de logement social pour les publics les plus vulnérables.


Illustration canicule © Coraline Lafon / Pokaa

« Réconcilier Strasbourg », mais avec qui ?

Alors que d’autres propositions devraient fleurir au fur et à mesure, « Réconcilier Strasbourg » s’avance désormais vers la traditionnelle question des alliances aux prochaines municipales. Si Paul Meyer avance être « ouvert pour embarquer avec nous ceux qui ont envie » et « la nécessité de s’unir et de faire une alliance pour préparer l’alternance », on peut légitimement se demander avec qui.

Un changement est nécessaire et doit passer par la voie du progrès.

Paul Meyer, ancien adjoint du commerce et du tourisme sous Roland Ries

Au vu de son positionnement au centre-gauche, il ne serait pas surprenant de le voir discuter avec Renaissance, ou même le PS, qui n’ont pour l’instant pas défini de tête de liste. Peut-être même que cela pourrait pousser jusqu’à Horizons et Pierre Jakubowicz, mais probablement pas jusqu’à LR et Jean-Philippe Vetter.

Plus de réponses à partir de septembre, car pour le moment, aucun parti ou tête de liste ne semble vouloir s’effacer derrière quiconque au sein d’une union !

couv juillet 2025 Paul meyer Nawel Rafik Elmrini © Page Facebook de Paul Meyer / Capture d’écran