Par

Delphine Decourcelle

Publié le

23 juil. 2025 à 19h52

« On n’en revient toujours pas ! » Quand elles le racontent – Rachel Rouzaud, 28 ans, habitante de Saint-Macaire en Gironde et sa collègue polonaise Bernadetta Budzik – ont encore des étoiles dans les yeux. Et pour cause : leur travail d’architectes DE est actuellement exposé à la Biennale internationale à Venise, l’événement le plus important d’architecture au monde ! Là où tous les 2 ans, de très nombreux praticiens se retrouvent et découvrent les dernières innovations, réflexions et découvertes de leurs confrères. Cette année, la thématique abordée est le réchauffement climatique et les travaux sont à découvrir dans toute la ville jusqu’au mois de novembre 2025. « Nous sommes très fières, c’est une consécration d’y participer, car c’est rare d’être retenu là-bas ! » confient les deux jeunes femmes qui racontent au Républicain Sud-Gironde comment elles sont parvenues à vivre cette belle aventure.

Leur parcours jusqu’à Venise

Tout a commencé à partir d’une étude réalisée par Bernadetta, qui s’est penchée sur l’architecture dans les formes de protestation civile (Zone à défendre, grève ou manifestation), notamment une lutte écologique menée pour protéger des arbres dans son pays. « Travail de recherches que nous avons poursuivi ensemble, lors de sa venue en France », raconte Rachel et pour lequel elles ont reçu, dans un premier temps, une distinction européenne.

Bernadetta Budzik, Polonaise, et Rachel Rouzaud (de Saint-Macaire, en Gironde) tiennent dans les mains le livre souvenir de la Biennale à laquelle elles participent à Venise.
Bernadetta Budzik, Polonaise, et Rachel Rouzaud (de Saint-Macaire, en Gironde) tiennent dans les mains le livre souvenir de la Biennale à laquelle elles participent à Venise. ©Delphine Decourcelle

Etant en contact avec des musées, ces architectes DE prennent conscience que leur approche est « encore peu abordée en architecture ». C’est pourquoi, à l’appel à projets de la Biennale de Venise, elles « tentent leur chance ».

Et un jour, elles reçoivent un message qui les informe que leur projet intéresse le curateur (celui qui choisit le thème de l’événement) et son équipe.

Autre projet exposé à la BAP de Versailles

« En 2100, il fera 4 degrés de plus à Versailles, ce qui est l’équivalent de la température à Alger. Donc, comment Paris va pouvoir s’adapter à un climat similaire à Alger ? » C’est le thème de la Biennale d’architecture et de paysage qui s’est déroulée de mai à juillet 2025 à Versailles et à laquelle Rachel Rouzaud et sa collègue Bernadetta Budzik ont participé. « Nous avons présenté notre projet, une structure d’inspiration polonaise : afin de récupérer du sel des mines présent à l’intérieur des terres, il a été imaginé des branches de prunellier qui en raison de leur grande surface servent à faire évaporer l’eau. Le sel se cristallisant sur les branches, il pouvait être récupéré en grattant les branches. Les Polonais se sont rendu compte que déjà, ce système fonctionnait très bien, mais qu’aussi, les gens qui vivaient à côté de ce type de structures avaient une super santé. Du coup, ils élèvent des murs entiers de ça dans certains villages en Pologne et la population respire mieux et l’air est plus frais aussi, du fait de l’évaporation de l’eau », explique Rachel. « C’est ce qu’on appelle les Teznia Solankowa », indique Bernadetta Budzik.

« Le hic, c’est qu’ils nous ont imposé une présentation sous forme de film… Or, nous n’avions jamais fait ça auparavant, mais on s’est dit qu’on ne pouvait pas refuser une opportunité d’être exposées… donc on a relevé le défi ! » explique Rachel.

Un film et une grande maquette

« Pour gagner notre vie, nous travaillons dans des agences d’architecture (Rachel travaille au Cabinet Architecture, Patrimoine, Paysage à Saint-Macaire où ses parents lui ont » transmis la passion de cette discipline «) et nous candidatons à pas mal d’appels à projets pour faire notre chemin. Et comme ce projet était à part de notre emploi, donc nous nous y avons consacré pleinement, toutes nos soirées et week-ends de janvier à mai », souligne la Macarienne.

La maquette réalisée pour le film présenté à Venise.
La maquette réalisée pour le film présenté à Venise. ©transmis à actu.fr

« Pour le film, nous avons fabriqué une grande maquette de 2,5 m sur 1,8 m pour représenter l’occupation d’une forêt que nous avions visitée ensemble et qui a été détruite. À Venise, en plus de la vidéo, nous exposons aussi des photos et des textes explicatifs. Nous remercions vivement toutes celles et ceux qui nous ont aidées et accompagnées dans cette démarche et réalisation. »

Des « stars » de l’architecture

Rachel Rouzaud et Bernadetta Budzik se sont rendues à Venise, pour le vernissage de l’exposition : « C’était un moment exceptionnel, impressionnant. Il y a eu les points presse ; puis les rencontres avec de célèbres architectes : on a par exemple croisé Norman Foster, à qui l’on doit le centre Pompidou à Paris ! C’était fou ! »

Les livres souvenir de l'édition 2025 de l'Exposition internationale d'architecture de Venise.
Les livres souvenir de l’édition 2025 de l’Exposition internationale d’architecture de Venise. ©Delphine Decourcelle

Cette expérience a rapidement apporté « une crédibilité supplémentaire » à ces deux jeunes architectes DE : « nous aimerions approfondir ce sujet-là, dans des cadres plus institutionnels peut-être. »

Le projet présenté à la Biennale d'architecture et de paysage à Versailles.
Le projet présenté à la Biennale d’architecture et de paysage à Versailles. ©transmis à actu.fr

Elles se consacrent aussi à d’autres projets, « pour toujours relever des défis et répondre à leur souhait d’exercer cette discipline dans une approche respectueuse de l’environnement ». Prochaine étape : « le doctorat, puis pourquoi pas ouvrir une agence ensemble », confient-elles, motivées.

En attendant, ce n’est pas vraiment les vacances pour ces deux passionnées : « le mois prochain, en août 2025, direction la capitale : nous avons gagné un prix de l’Académie des Beaux-Arts, organisé pour les architectes de moins de 40 ans : nous travaillerons tous lors d’une résidence dans un bâtiment de Dominique Perrault, celui a fait la BNF à Paris, et à la fin, une exposition est prévue en mai prochain au sein de l’Académie. Le sujet cette fois-ci est plutôt lié aux rivières. Encore une chouette expérience, bref, on ne s’ennuie pas ! »

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