« Par les temps qui courent, c’est une bénédiction », apprécie Patrick*, 70 ans, venu chercher son repas ce mercredi 23 juillet à la Fabrique de théâtre de Strasbourg. Fruit d’une collaboration entre la Ville, le CCAS et les associations, les distributions estivales ont lieu depuis 2020. Le Secours populaire et l’association Abribus coordonnent cette opération financée à hauteur de 150 000 euros par la municipalité et 15 000 euros par l’État.
Une fréquentation qui grimpe chaque année depuis 2020
De fait, plusieurs centaines de personnes forment une queue de 50 mètres devant le stand du Secours populaire. La fréquentation de la Fabrique de théâtre grimpe chaque année depuis le lancement en 2020. « La distribution a augmenté de 20 % par rapport à 2024 pour ces deux premières semaines, raconte Camille Vega, directeur du Secours populaire du Bas-Rhin. Nous sommes déjà à plus de 450 paniers récupérés par jour et nous allons bientôt dépasser les 500. » Les associations craignent de laisser du monde sur le carreau prochainement alors que la capacité d’accueil maximale risque d’être rapidement dépassée.
Tout l’été, 80 bénévoles se relaient pour accueillir les personnes dans le besoin, sans condition. « Ceux qui viennent ne sont pas forcément sans abri, remarque Floriane Varieras, adjointe à la maire en charge de la lutte contre la précarité. Nous recevons aussi des jeunes et des retraités en logement classique. » C’est le cas de Thierry*, 55 ans, qui peine à se nourrir après avoir mis une grande partie de sa pension d’invalidité dans son loyer : « C’est vital pour moi de venir ici, je peux aussi échanger avec des gens qui connaissent ce que je vis. »
Un lieu pour créer du lien
La cour de la Fabrique de théâtre se transforme chaque midi en lieu d’écoute, même si certains préfèrent rester discrets et embarquer leur panier-repas à l’extérieur. C’est aussi un endroit où trouver des toilettes, de l’eau et des soins. Médecins du monde tient une permanence : « Nous offrons une aide médicale et des dépistages pour des maladies graves », explique l’une des bénévoles. La lutte contre l’exclusion sociale passe également par la culture, d’où les centaines de livres et revues distribués par l’association Tôt ou tard. « La vie peut être dure pour tout le monde alors ça fait du bien de parler, de se sentir écouté », affirme Thierry.
Loin d’être une surprise, l’affluence record n’en est pas moins inquiétante pour les associations présentes, qui tirent encore un peu plus la sonnette d’alarme. « Nous basons nos chiffres de l’année par rapport à la fréquentation ici et nous ne pouvons pas repousser les limites indéfiniment », prévient Sumitra Gopals, responsable d’Abribus. La préoccupation est la même pour tous : « Nous avons enregistré une hausse de fréquentation de 50 % ces dix dernières semaines mais les murs et l’approvisionnement ne sont pas extensibles », ajoute Patrick Gruber, président des Restos du cœur du Bas-Rhin. Toutes les associations réunies s’accordent à dire que la solution à ce problème de fond nécessite des moyens et un engagement politique.
* Les noms ont été changés