«Massivement employé dans une multitude de produits du quotidien » (dentifrices, crèmes solaires, médicaments, plastiques, maquillage, papier, peintures…) et utilisé comme colorant blanc et opacifiant dans l’alimentation (E171), le dioxyde de titane a pourtant été interdit dans l’alimentation par mesure de précaution en France en 2020 puis dans l’Union européenne en 2022, rappellent les chercheurs.

«Dans 100 % des laits animaux»

« On savait déjà qu’il y en avait dans les écosystèmes, dans l’eau, les mers, les lacs, les rivières, dans le monde entier, grâce à beaucoup d’études récentes », a précisé Anne Burtey, chargée de recherche à l’INRAE, qui a supervisé le projet. Or différentes formes de particules de dioxyde de titane ont été retrouvées dans « les laits maternels de dix femmes volontaires vivant à Paris ou en proche banlieue, à des taux variables, certaines femmes présentant jusqu’à 15 fois plus de particules que d’autres », ce qui prouve que cette substance « peut passer la barrière de la glande mammaire », rapporte l’étude. Il était aussi présent dans « 100 % des laits animaux (frais ou en poudre, issus de vaches, d’ânesses ou de chèvres) », tant issus de l’agriculture biologique que conventionnelle, et 83 % des laits infantiles (issus du commerce, du 1er au 3e âge, bio ou pas) analysés par les chercheurs.

Les effets de cette imprégnation sur la santé humaine ne sont pas connus, faute d’études sur le sujet. « Cet état des lieux de la contamination actuelle des laits reflète le niveau d’exposition des nouveau-nés et des mères, mais également des consommateurs adultes de lait », précisent les chercheurs.

Le dioxyde de titane a été classé cancérigène potentiel chez l’être humain par inhalation depuis 2006, rappellent les scientifiques de l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), du synchrotron SOLEIL et du CNRS, le Centre national de la recherche scientifique.