Après à peine une heure de discussions au palais de Çiragan, à Istanbul, les négociateurs russes et ukrainiens ont constaté que leurs « positions » respectives étaient « assez éloignées les unes des autres », a dit Vladimir Medinski, le chef de la délégation russe, à l’issue de la troisième session de négociations directes entre la Russie et l’Ukraine, mercredi 23 juillet 2025.

Dans la journée, le Kremlin avait déjà douché les espoirs d’avancées pour mettre fin à la guerre lancée en février 2022 par Moscou et qui a fait des dizaines de milliers de morts et de blessés. « Personne ne s’attend à un chemin facile. Bien entendu, ce sera une discussion très compliquée », avait ainsi indiqué le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, répétant que les propositions respectives des belligérants pour arrêter le conflit étaient « diamétralement opposées ».

Seule mesure concrète : les négociateurs se sont mis d’accord pour un nouvel échange de 1.200 prisonniers de chaque côté, selon Vladimir Medinski, comme cela a déjà été le cas à plusieurs reprises. Moscou a également proposé à Kiev de lui remettre 3.000 corps de soldats ukrainiens, ainsi que des trêves de « 24 à 48 heures » sur le front pour que les deux armées puissent récupérer leurs tués et leurs blessés, a poursuivi Vladimir Medinski.

L’Ukraine a de son côté suggéré une rencontre entre Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky « avant la fin du mois d’août », potentiellement en présence des présidents américain et turc, selon le négociateur de Kiev Roustem Oumerov.

Des demandes maximalistes

Ces pourparlers directs intervenaient une nouvelle fois à la suite de pressions exercées par le président américain Donald Trump qui a donné à Moscou, mi-juillet, cinquante jours pour parvenir à un accord avec l’Ukraine, sous peine de sanctions sévères. Kiev et ses alliés occidentaux accusent le Kremlin de bloquer les négociations en maintenant des demandes maximalistes, tandis que l’armée russe, plus nombreuse et mieux équipée, poursuit ses attaques sur le front, où elle grignote chaque jour du terrain.

Moscou réclame que l’Ukraine lui cède quatre régions partiellement occupées de l’est et du sud de son territoire, en plus de la Crimée annexée en 2014, renonce aux livraisons d’armes occidentales et à toute adhésion à l’Otan. Des conditions inacceptables pour Kiev, qui veut le retrait des troupes russes et des garanties de sécurité occidentales dont la poursuite des livraisons d’armes (1) et le déploiement d’un contingent européen, ce à quoi s’oppose la Russie. L’Ukraine réclame aussi, de concert avec ses alliés européens, un cessez-le-feu de trente jours, auquel se refusent les Russes, dont les forces ont l’avantage sur le terrain.

La Russie revendique un nouveau village

Sur le terrain, les opérations militaires se poursuivent. Mercredi, le ministère russe de la Défense a revendiqué la conquête d’un nouveau village, Varatchyné, dans la région ukrainienne de Soumy (nord-est) où, au cours de la nuit, des frappes de drones russes ont entraîné des coupures d’électricité chez plus de 220.000 clients, selon Volodymyr Zelensky.

Toujours dans la nuit, soixante et onze drones russes ont visé l’Ukraine, selon l’armée de l’air. Trois personnes ont été tuées dans la région de Kherson, d’après les autorités locales qui ont également fait état de neuf blessés. Pour sa part, l’armée russe a affirmé avoir neutralisé pendant la nuit trente-trois drones ukrainiens et plusieurs dizaines au cours de la journée, lancés contre la Russie.

(1) Mercredi soir, Washington a annoncé avoir approuvé une vente d’armements à l’Ukraine visant notamment à renforcer sa défense antiaérienne, pour un montant de 322 millions de dollars (plus de 270 millions d’euros).