Sans faire de bruit, la migraine sévère hache les carrières : deux tiers des malades s’en trouvent affectés dans leur travail. De peur d’être incompris ou mis au placard, de nombreux salariés gardent leur pathologie par-devers eux.
Lorsqu’elle passe la porte d’une nouvelle entreprise pour son tout premier jour de travail, Estelle* sait qu’elle n’a pas le choix. Passées les présentations d’usage, la découverte de son bureau et du mode d’emploi de la cafetière, il lui faudra rapidement aller à l’essentiel : «trouver une personne de confiance à qui m’adresser si je dois partir». Depuis qu’elle est adolescente, cette chargée d’évènementiel souffre de violentes migraines accompagnées de signes neurologiques appelés «aura». Une «bombe à retardement» régulièrement dégoupillée sans prévenir, notamment en période de stress, avec engourdissement d’un côté du visage, vomissements et perte de la parole – «je dis un mot pour un autre. Ça sort comme ça, sans que je m’en rende compte». Un véritable calvaire en terrain professionnel inconnu. «Dès que ça arrive, tout ce que je peux faire, c’est prendre un Triptan , et tout lâcher pour me plonger dans le noir. Cela peut durer jusqu’à 13, 14 heures», témoigne la jeune femme de 27 ans. En dépit de l’ampleur du problème, elle n’en a jamais parlé à aucun de ses employeurs. «Je me suis souvent dit “s’ils le découvrent, je vais avoir l’air folle”».
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