L’idée ciné du week-end : « Souviens-toi l’été dernier »
Y a-t-il encore une place sur nos écrans pour les vieux slashers pop et fun des années 1990 ? Question délicate, posée avec acuité par le grand retour de la saga Souviens-toi l’été dernier sur une proposition mi-remake mi-suite cette fois formulée par Jennifer Kaytin Robinson. Un nom pas forcément sorti du chapeau par hasard : le précédent long-métrage de l’Américaine, Si tu me venges, invoquait déjà les fantômes d’un classique des salles obscures, le fascinant polar L’inconnu du Nord Express d’Alfred Hitchcock, pour Netflix.
Le verdict ? Les choix opérés par la réalisatrice, certes plus coutumière des romances et des comédies, sont les bons. Reprenant respectueusement le canevas du film de 1997, pour mémoire porté à l’écran par Jim Gillespie sur un scénario de l’excellent Kevin Williamson (Scream), le « Souviens-toi… » nouvelle formule fait intelligemment l’impasse sur le troisième volet pour revenir aux fondamentaux de la saga, tueur, ciré de pêche, crochet meurtrier et crimes délicieusement alambiqués dans les décors classiques de la petite ville côtière de Southport. Les années 2020 en prime : les moeurs ont évolué, le tourisme est venu tout dénaturer et les jeunesses dorées ont pris une petite claque avec les années.
La critique sociale, sociétale, est à peine voilée. Rollercoaster fûté, le film se double au passage d’un vrai second degré et d’une lecture meta qui devrait enchanter les aficionados, en citant les règles du genre pour toujours mieux les détourner. Il n’est pas dit ici, ainsi, que l’abstinence sauve ou, ère meetoo oblige, que les jolies demoiselles écervelées (vraiment ?) seront les premières sacrifiées. Ce quatrième opus, qui fait revenir avec bonheur Freddie Prinze Jr et Jennifer Love Hewitt, s’amuse également à relever les impairs historiques de la franchise, à l’image de la disparition prématurée de la star Sarah Michelle Gellar (Buffy contre les vampires) dès le premier volet. Une boulette que les producteurs n’ont semble-t-il toujours pas digérée, et la source de quelques sourires salvateurs qui seront les gages d’un bon moment ciné, sans prise de tête, au coeur de l’été…
Au Vox, au Ciné-cité et au Pathé Brumath. Déconseillé aux moins de 12 ans.
Nicolas Blanchard