Le Royaume-Uni et l’Inde s’apprêtent à signer jeudi un accord de libre-échange historique, à l’occasion de la visite du Premier ministre indien Narendra Modi. Cet accord prévoit une réduction des droits de douane sur de nombreux produits, allant des textiles au whisky et aux voitures, tout en offrant un meilleur accès au marché pour les entreprises.
Les deux pays ont finalisé en mai les discussions sur ce pacte commercial tant attendu, après trois années de négociations entrecoupées de pauses, les deux parties ayant accéléré les pourparlers dans le contexte de tensions tarifaires provoquées par le président américain Donald Trump.
L’accord, conclu entre les cinquième et sixième économies mondiales, vise à augmenter les échanges bilatéraux de 25,5 milliards de livres sterling supplémentaires (34 milliards de dollars) d’ici 2040. Il entrera en vigueur après ratification par le Parlement britannique et le cabinet fédéral indien, ce qui devrait intervenir dans l’année à venir.
« Notre accord commercial historique avec l’Inde est une victoire majeure pour le Royaume-Uni. Il créera des milliers d’emplois britanniques à travers le pays, ouvrira de nouvelles opportunités pour les entreprises et stimulera la croissance », a déclaré le Premier ministre britannique Keir Starmer.
L’accord sera signé lors de la quatrième visite de Modi au Royaume-Uni depuis son accession au pouvoir en 2014. Les dirigeants scelleront également un partenariat stratégique couvrant des domaines tels que la défense et le climat, et renforceront leur coopération dans la lutte contre la criminalité.
Selon le gouvernement britannique, les droits de douane sur le whisky écossais passeront immédiatement de 150 % à 75 %, puis diminueront progressivement jusqu’à 40 % au cours de la prochaine décennie. Concernant les voitures, l’Inde va réduire les droits à 10 % contre plus de 100 % actuellement, dans le cadre d’un système de quotas qui sera progressivement libéralisé.
En contrepartie, les constructeurs indiens devraient pouvoir accéder au marché britannique pour les véhicules électriques et hybrides, également sous quota, selon des responsables du ministère indien du Commerce.
Le ministère a indiqué que 99 % des exportations indiennes vers le Royaume-Uni bénéficieraient de droits de douane nuls grâce à cet accord, notamment dans le secteur textile, tandis que la Grande-Bretagne verra une réduction sur 90 % de ses lignes tarifaires.
L’accord représente le pacte commercial le plus important conclu par le Royaume-Uni depuis sa sortie de l’Union européenne en 2020, même si l’augmentation attendue du PIB britannique, estimée à 4,8 milliards de livres par an d’ici 2040, reste modeste par rapport à un PIB de 2,6 billions de livres en 2024.
L’accord facilitera également l’accès pour les visiteurs d’affaires temporaires, bien que la question des visas ne soit pas incluse. Le Royaume-Uni et l’Inde se sont aussi mis d’accord pour que les travailleurs n’aient plus à cotiser à la sécurité sociale dans les deux pays lors de missions temporaires.
Les entreprises britanniques pourront accéder au marché indien des marchés publics pour des projets dans des secteurs comme les énergies propres, et l’accord couvre aussi des secteurs de services tels que l’assurance.
L’Inde n’a toutefois pas obtenu d’exemption au mécanisme britannique d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) – qui pourrait imposer des taxes plus élevées aux pollueurs dès 2027 – dans le cadre de cet accord.
Par ailleurs, les discussions sur un traité bilatéral d’investissement, menées parallèlement aux négociations commerciales, ne sont pas encore abouties et se poursuivent.
(Reportage de Alistair Smout à Londres et Manoj Kumar à New Delhi ; édition par Philippa Fletcher)