1 En Europe, du bassin méditerranéen à une large implantation

L’arrivée du moustique-tigre en Europe n’est pas nouvelle en tant que telle. Les premières observations d’aedes albopictus, son nom scientifique, sur le continent, remontent à 1979, en Albanie, et 1990, en Italie, d’après le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). La rapidité récente de la prolifération du moustique tigre en Europe est toutefois frappante.

Quatre cartes d'Europe montrant la diffusion du moustique-tigre autour du bassin méditerranéen entre 1995 et 2011En rouge, les zones dans lesquelles la présence du moustique-tigre a été établie en Europe, entre 1995 et 2011. (ECDC)

En 2013, l’ECDC comptabilisait huit pays dans lesquels le moustique-tigre s’était établi. Dix ans plus tard, en 2023, on en dénombrait treize. En 2025, la liste s’est élargie à seize pays. On parle là de territoires dans lesquels une reproduction du moustique-tigre est identifiée, pas seulement de lieux où l’insecte a été observé.

Comparaison des zones d'installation du moustique-tigre en Europe en 2017, 2020, 2023 et 2025Zones de présence nouvelle ou établie du moustique-tigre en Europe, en 2017, 2020, 2023 et 2025. (ECDC)

Le moustique-tigre « a connu une expansion mondiale spectaculaire, facilitée par les activités humaines » et notamment « le transport passif d’œufs dans des pneus usagés ou du « lucky bambou » », les bambous importés d’Asie, rappelle l’organisme. L’espèce a été classée, en 2021, comme l’une des plus invasives au monde dans la base de données mondiale des espèces envahissantes.

Le croisement de facteurs environnementaux, notamment le changement climatique, et les caractéristiques de cet insecte expliquent aussi cette expansion, qui ne peut qu’être ralentie, à défaut d’être empêchée. « L’augmentation des températures moyennes, l’allongement des périodes estivales et l’accroissement de la fréquence des inondations sont des facteurs susceptibles de contribuer à l’augmentation de la densité des moustiques et à l’émergence de maladies zoonotiques », observe un article paru en février dans la publication scientifique La Revue de médecine interne.

2 Dans l’Hexagone, plus aucune région épargnée

En France continentale, la première implantation de moustique-tigre a été identifiée dans les Alpes-Maritimes, dans la commune de Menton, en 2004. « Ce moustique s’est développé rapidement depuis 2004 et est désormais implanté dans 81 départements », d’après le bilan du ministère de la Santé actualisé en mai 2025.

L’installation du moustique-tigre dans un territoire est d’autant plus surveillée qu’elle est souvent irréversible. « Le moustique-tigre est inféodé aux activités humaines » et aime les lieux habités par l’homme, ce qui « explique qu’une fois installé dans une commune ou un département, il est pratiquement impossible de s’en débarrasser », détaille le ministère.

Carte des communes considérées officiellement comme colonisées par le moustique-tigre, en France, d'après les données recueillies par l'AnsesCommunes officiellement colonisées par le moustique-tigre en juillet 2025 (Données Anses – Carte Le Télégramme)

Comment cette présence est-elle surveillée ? D’abord, par les signalements de citoyens, recensés par l’Anses sur signalement-moustique.anses.fr. Ces témoignages avec photos peuvent ensuite déclencher une surveillance active des autorités de santé, notamment à l’aide de pièges pondoir. Une commune peut ensuite être classée comme « colonisée » lorsqu’un de ces trois critères est rempli : des œufs observés trois fois de suite dans un piège ; une présence à plus de 150 mètres autour d’un signalement ou d’un piège positif ; plus de 500 mètres séparent deux pièges ou signalements positifs. Début 2025, plus de 6 500 communes de l’Hexagone sont colonisées, d’après les autorités de santé.

3 En Bretagne, prolifération inéluctable mais sous surveillance

La région administrative est officiellement concernée par le moustique-tigre depuis 2022, date à laquelle la commune de Domagné, en Ille-et-Vilaine, a été classée comme colonisée. Même statut officiel, depuis 2023, pour Rennes. Le Morbihan est le deuxième département à compter une commune colonisée, La Gacilly, en 2023 également. Ces trois communes sont, pour l’heure, les seules officiellement colonisées.

Des observations ont toutefois été documentées dans le Finistère, à Brest et Quimper, ainsi qu’à Plomelin. Cette dernière commune abrite un site de recyclage de pneus. Ces lieux industriels sont un vecteur identifié de la prolifération du moustique-tigre. Ils font l’objet d’une surveillance spécifique au titre de sites à risque, tout comme certains sites touristiques, des établissements de santé et des ports ou aéroports, précise l’Observatoire de l’environnement en Bretagne. La surveillance concerne également les unités urbaines de plus de 10 000 habitants.

Cette surveillance va de pair avec une lutte préventive, pour limiter l’implantation de ces moustiques et des maladies qu’ils diffusent, notamment la dengue, le chikungunya et le virus Zika. En Bretagne, des opérations de porte-à-porte ont été menées après les détections de 2023, détaille l’ARS. Celles-ci peuvent impliquer un traitement insecticide spécifique, mais surtout une sensibilisation des habitants sur le principe clé pour limiter la présence de ce moustique : supprimer ou protéger les points d’eau stagnante tels que les coupelles de plantes, les récupérateurs d’eau, seaux ou bassins.