Qui est donc François Calvia ?
Je suis né dans une famille fortement ancrée entre Ajaccio et le Cap Corse. Mon grand-père, François Calvia, était architecte-ingénieur à Ajaccio. Ma grand-mère, Rosalie Ortoli dell’a Rocca, était directrice d’école à Sainte-Lucie de Tallano. Elle descend de Roch François Ortoli, un homme illustre, secrétaire du cardinal Fesch et proche de Napoléon, qu’il a accompagné à l’île d’Elbe. J’ai d’ailleurs remis en mars 2014 au musée de la maison Bonaparte le discours qu’il y prononça, ainsi que d’autres documents historiques. Ses mémoires, quant à elles, ont été confiées aux archives départementales en 2012.
Mon père était un chirurgien bien connu à Ajaccio. Il a épousé ma mère, Hélène Boulanger, une Parisienne qui dirigeait le service social de la médecine du travail. J’ai fait mes études au lycée Fesch, obtenu mon bac à Ajaccio, puis poursuivi à l’université Sorbonne Paris Nord. Ma carrière a d’abord été administrative : attaché de presse à la mairie de Valence, à la préfecture de Corse dans les années 70-80, puis au ministère de l’Intérieur. J’ai ensuite changé de voie : antiquaire-décorateur dans le sud de la France, puis promoteur immobilier aux Antilles.
Comment est née votre passion pour l’écriture ?
C’est à ma grand-mère que je la dois. Elle m’imposait enfant des dictées et des dissertations. Plus tard, mes fonctions d’attaché de presse m’ont conduit à beaucoup écrire. Mais j’ai attendu de me libérer de mes obligations professionnelles pour me lancer pleinement. Mon premier roman, Coïncidence, est paru en 2022. Il a reçu le « Prix parisien du roman gay » dans la catégorie « friendly gay ». J’ai également publié un essai intitulé Tu prends perpète quand tu fais un enfant.
Votre nouveau roman, Le dernier des Serra, aborde des thèmes forts.
Oui, j’y traite de sujets actuels et douloureux : abandon, inceste, maltraitance dans les familles d’accueil, consanguinité, homosexualité… Le récit se déroule en grande partie dans le Cap Corse, un territoire que je connais bien.
Il s’inspire d’une histoire vraie ?
L’histoire m’a été confiée en 2021, lors d’un dîner à Paris. Un trentenaire, ancien mannequin, lecteur de mon premier roman, m’a raconté sa vie. Avec son accord, j’ai transposé le récit en Corse pour des raisons de confidentialité. Le roman suit Adrien, un jeune homme victime d’inceste, en quête de vérité sur ses origines. Il découvre peu à peu son histoire, entre mensonges, secrets de famille et vérités fragmentaires.
L’intrigue est donc aussi historique ?
Oui, j’aime mêler passé et présent. On remonte le fil de la famille Serra à Rogliano : l’exploitation de la vigne, l’arrivée de l’impératrice Eugénie, les mineurs corses émigrés en Amérique latine, les « palazzi » du Cap… Le roman est ponctué de digressions sociologiques et historiques. Adrien incarne cette volonté de briser le silence et de se reconstruire.
Pourquoi avoir choisi la narration à la première personne ?
C’est une forme qui me permet de rester au plus près de l’émotion brute. L’écriture est directe, sans fioriture, parfois dure. Je voulais traduire l’intensité des sentiments sans chercher à enjoliver la réalité. Les dialogues sont épurés mais percutants, pour conserver cette tension intérieure.
Avez-vous d’autres projets ?
Enfant, je rêvais de deux choses : écrire et jouer du piano. Après deux romans, j’ai décidé de faire une pause littéraire en 2025 pour me consacrer à la musique. Je prends des cours de piano. Je reprendrai l’écriture en 2026, avec sans doute un nouveau roman, mais aussi le désir de faire vivre ces deux passions à égalité.