On en avait presque oublié son bruit quand elle s’éclate sur la fenêtre. On en avait presque oublié son odeur si particulière quand elle se pose sur un sol chaud. La pluie. Cet ingrédient indispensable à tout séjour en Bretagne ou en Normandie avait quasiment disparu du ciel de l’Ouest français. Réchauffée par un début d’été brûlant, la France avait appris à transpirer jour et nuit. En juin et début juillet, les thermomètres de tout notre pays se sont affolés offrant des nuits tropicales et des journées bouillantes. Même en Bretagne. Même en Normandie.

Mais depuis quelques jours, on ne parle plus de canicule et on enfile son pull. A Carhaix pour les Vieilles Charrues, à Rennes, à Caen ou à Brest, on a repris l’habitude de prendre un imperméable ou un parapluie à chaque sortie. Mais est-ce vraiment normal de se cailler à ce point à la nuit tombée ? Eh bien oui. « L’anomalie, c’était avant. L’anomalie, c’était quand il faisait chaud », assure Grégoire Védeau.

Le météorologue de Météo Bretagne l’assure : « La situation anormale, c’était quand nous avions des températures à plus de 35 degrés. En ce moment, les conditions sont proches des normales saisonnières. » Pour le vérifier, prenons des chiffres. Le 12 juillet, la température maximale était de 34 degrés à Rennes. Sur l’ensemble de la journée, cela représente un écart de + 6,5 degrés par rapport à la moyenne, illustration d’un réchauffement climatique de plus en plus perceptible. Dix jours plus tard, l’écart est quasi nul, notamment parce que la température matinale est à 18 degrés, même quand la maximale pointe à 23 degrés.

L’été en France ? « C’est instable »

Notre corps n’a pas eu le temps de s’adapter. « On a moins de soleil et il a beaucoup plu. Mais ce n’est pas anormal. Les étés sont de plus en plus chauds en France. Ils sont aussi plus ensoleillés. Ça ne doit pas nous faire oublier qu’un été en France, c’est normalement instable et que la chaleur est souvent chassée par les orages », assure le météorologue.

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Ce qui est peut-être plus surprenant, c’est l’alternance entre le 100 % chaleur brûlante et le 100 % pluie battante. La faute à qui ? A un conflit entre des masses d’air froid et des masses d’air chaud. « L’anticyclone des Açores était très puissant. Il bloquait les dépressions qui venaient du Nord. Mais depuis quelques jours, il est bloqué aux Açores et ne parvient plus à remonter jusqu’à nous. » Ce sont donc des anomalies fraîches venues du Groenland qui se promènent haut dans notre ciel et nous apportent fraîcheur et pluie. Un phénomène de « goutte froide » dont l’effet va progressivement s’atténuer. L’anticyclone s’était un peu refait la cerise, il devrait chasser un peu la pluie et réchauffer un peu vos journées (et vos cœurs).

En Bretagne, les caprices de la météo n’ont pas eu raison des touristes. Alors oui, il y en a bien quelques-uns qui ont annulé leur séjour, mais beaucoup sont restés. « Nous sommes plutôt contents de la fréquentation. On a beaucoup d’étrangers qui sont arrivés. Des Belges, des Allemands, des Anglais. On a beaucoup de randonneurs, des familles. Je n’ai vraiment pas l’impression que les gens s’en vont », assure Laurence Hébert. La directrice de l’Office de tourisme de la côte de granit rose (Côtes-d’Armor) reconnaît cependant qu’il y a moins de monde à la plage, poussant parfois les visiteurs dans les musées ou les activités couvertes. « La météo est tellement imprévisible ici. Les gens sont habitués, ils savent que ça va passer. »

Du ciel bleu, des nuages. Une journée comme une autre sur la plage du Men Du, dans le Morbihan.Du ciel bleu, des nuages. Une journée comme une autre sur la plage du Men Du, dans le Morbihan. - C. Allain / 20 Minutes

Le constat est le même un peu plus au Nord. Alors oui, on vend sans doute moins de glaces à Deauville que quand il faisait 30 degrés. Mais les touristes sont là et ils semblent décidés à rester. « On a parfois l’impression que ce n’est pas l’été. Mais ici, on y est habitués », assure Aurélien. Le moniteur chez Watersports Deauville, qui loue des jet-skis et des petits bateaux reconnaît « une petite baisse de fréquentation », mais ne s’alarme pas. « On a eu quelques annulations à cause de l’état de la mer ou à cause du vent. Mais comme la météo est très changeante, ça ne dure pas. » En Bretagne comme en Normandie, il se dit qu’il fait beau plusieurs fois par jour.