Par
Lisa Rodrigues
Publié le
24 juil. 2025 à 11h32
L’artiste grenoblois Nessé, de son vrai nom Jérôme Favre, a réalisé une fresque en hommage à Lilian Dejean, employé municipal tué par balle il y a un an. (©Document remis à actu Grenoble / Nessé)
Cela fait presque un an que Lilian Dejean, employé au service propreté de la Ville de Grenoble, a été tué par balle en pleine rue alors qu’il tentait d’empêcher un automobiliste responsable d’un accident de prendre la fuite.
Depuis, l’émotion n’est pas complètement retombée dans la ville où il a grandi. Habitué à le voir en service sur le marché de son quartier, à l’Estacade, l’artiste grenoblois Nessé – de son vrai nom Jérôme Favre – vient de dévoiler une fresque représentant Lilian. Un hommage pour ne pas oublier « quelqu’un de vraiment bon qui est décédé de façon brutale », explique l’artiste à la rédaction.
Un projet en accord avec la famille
L’artiste n’était pas ami avec Lilian, mais il le voyait fréquemment en service sur le marché de l’Estacade avec ses collègues. « C’est une personne familière, il nettoyait le marché et avait cette approche du travail bien fait. Quand j’entendais parler de lui, je n’entendais jamais de reproches », se souvient Nessé.
Lilian était entraînant. Quand on le croisait, on était sûr de passer une bonne journée !
Nessé
Artiste grenoblois
Pour l’artiste, il est important « que son souvenir soit visible ». L’idée est donc lancée de représenter l’employé municipal sur le pont de l’Estacade, concerné par un projet artistique (lire encadré plus bas).
Nessé prend donc contact avec la famille de Lilian, qui « a accepté tout de suite le projet » et a choisi le selfie qui a servi de modèle à l’artiste. Certains de ses proches ont aussi assisté à la création de la fresque et ont échangé avec les passants et habitants. « Beaucoup ont reconnu son visage et se rappelaient de Lilian », assure Nessé.
« C’est devenu un mur hommage »
En moins d’une semaine, l’artiste termine la fresque de l’employé municipal. Représenté souriant et la main sur le cœur, avec en toile de fond des palmiers rappelant la Guadeloupe, île d’origine de Lilian.
Il apparaît désormais aux côtés de figures du quartier, dont un maraîcher historique du marché et un ancien cheminot.
« C’est devenu un mur hommage, sourit Nessé. Des fresques comme celles-ci, il y en a beaucoup dans d’autres villes, comme à Lyon où ce sont surtout des célébrités qui sont représentées. À Grenoble, ce sont plus des gens de la vie de tous les jours, de la vie du quartier. »
Le projet d’habillage du pont de l’Estacade
La fresque de Lilian Dejean n’est pas la première œuvre peinte du pont de l’Estacade. Nessé et d’autres artistes travaillent depuis plusieurs années sur le projet, lancé en partenariat avec la SNCF et la Ville.
Long de 700m et construit en 1964, ce pont est un trait d’union entre les quartiers de l’Aigle, Chorier/Berriat et la gare. Il abrite aussi le marché de l’Estacade, l’un des plus grands de Grenoble. Une partie des œuvres représente ainsi des scènes de vie locale et figures du quartier.
Ses anciens collègues « l’ont reconnu tout de suite »
La localisation de la fresque prend aussi tout son sens, quand on sait que c’est un point de passage majeur au centre de la ville. « Et depuis le feu, les agents du service propreté qui passent régulièrement en camion l’ont pile en visu », souffle l’artiste.
Quelques-uns d’entre eux sont venus pendant que Nessé était en train de peindre le visage de Lilian. « Dès le dimanche matin, ils étaient présents. Ils l’ont reconnu tout de suite, ils prenaient des photos en pleurant devant » l’image de leur collègue tué, souffle l’artiste.
Plusieurs services de la mairie ont d’ailleurs soutenu le projet en permettant à Nessé d’accéder au mur. « D’une certaine manière, cette fresque, c’est aussi un hommage aux services qui rendent la ville plus propre », conclut le Grenoblois.
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