Privatisé en 1989, le secteur de l’eau au Royaume-Uni traverse aujourd’hui une grave crise. Entre déversements d’eaux usées, dettes abyssales et sous-investissements massifs, le gouvernement britannique veut reprendre la main. Mais une question reste en suspens : qui règlera la facture ?
En 1989, la Première ministre Margaret Thatcher privatisait le secteur de l’eau en Angleterre et au Pays de Galles. L’objectif ? Attirer des capitaux privés pour moderniser un réseau jugé vétuste, tout en allégeant le fardeau des finances publiques.
Mais 35 ans plus tard, le bilan est accablant. Les entreprises privées ont versé plus de 78 milliards de livres de dividendes à leurs actionnaires, tandis que la dette du secteur atteint aujourd’hui 68 milliards. Résultat : les investissements promis dans les infrastructures n’ont pas été réalisés, au détriment de l’environnement et des usagers.
Une crise environnementale et sanitaire grandissante
Ce sous-investissement s’est traduit par une dégradation spectaculaire du service. En cinq ans, les incidents graves de pollution ont été multipliés par cinq. Les déversements d’eaux usées dans la nature se sont multipliés, rendant certaines plages impraticables et classant les rivières du Royaume-Uni parmi les plus polluées d’Europe.
Cette situation a provoqué un tollé au sein de la population, notamment face aux bonus records des dirigeants de ces compagnies, alors même que les services se détériorent. Et ce sont bien les consommateurs qui risquent de payer l’addition.
Un plan à 104 milliards financé par les usagers ?
Pour rattraper le retard, un rapport récent estime les besoins en investissement à 104 milliards de livres d’ici à 2030, uniquement pour l’Angleterre et le Pays de Galles. Ce plan devrait entraîner une hausse de 36 % des factures d’eau pour les Britanniques. F
ace à la situation, le gouvernement a annoncé une réforme du secteur avec la mise en place d’un nouveau régulateur chargé d’assurer un contrôle plus strict et de renforcer les sanctions. Mais le défi est triple : protéger l’environnement, regagner la confiance des citoyens et rassurer les investisseurs, de plus en plus frileux face à la dégradation de la note financière des opérateurs.
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