Il y a eu les travaux préparatoires de l’Etat en 2022 /2023. Puis ceux sur la vantellerie en amont de l’ouvrage, essentiellement en 2024 par Saint-Etienne Métropole, désormais propriétaire. La dernière phase mettant à jour le barrage du Gouffre d’enfer dans son rôle de protecteur des crues susceptibles d’inonder le centre de Saint-Etienne, très exposé, est en cours. Le chantier doit nettement améliorer la vanne de fond, la capacité d’évacuation. Non sans perturber la fréquentation ludique des lieux jusqu’en mars 2026.

D’ici le printemps 2026, le barrage du Gouffre d’Enfer devrait pleinement jouer son rôle protecteur. ©If Médias / XA

La pluviométrie, oui. Mais l’état des sols, leur capacité à absorber au moment crucial, aussi, et même beaucoup. Tout comme la topographie dans laquelle le cours d’eau évolue ainsi que l’ampleur de l’urbanisation autour… Les paramètres amenant ou non à des inondations catastrophiques pour la présence humaine sont légion. Le 17 octobre dernier, ils n’étaient pas suffisants, pas tous réunis, aux moments clés pour mettre le centre-ville de Saint-Etienne sous les eaux. Contrairement à ceux ayant, du coup, dramatiquement impacté le Gier et le Pilat. Reste qu’actuellement, la capitale de la Loire n’est pas protégée d’une crue dite « centennale ». Elle devrait l’être – en tout cas, bien davantage qu’aujourd’hui – d’ici le printemps 2026. Ce qui ne signifiera pas pour autant « invincibilité ».

C’est le rôle, celui d’écrêteur de crues, du barrage du Gouffre d’enfer que de « gérer » l’arrivée subite des masses d’eau susceptibles de faire du petit torrent qu’est le Furan une potentielle catastrophe ambulante à partir de Valbenoîte avec la complicité probable du Furet, son affluent. L’imposant – plus haut barrage du monde à son inauguration en 1866 – et élégant édifice de Rochetaillée a d’ailleurs été élevé dans un objectif multifonctionnel, y compris, alors, d’approvisionnement en eau potable donc. C’était sous le Second Empire, après les inondations majeures de 1849, ayant fait 21 morts. La montée du péril et sa prise de conscience très graduelle depuis le début des années 1980 – avec quelques « piqûres de rappel » sans trop de frais pour ce qui est de l’exposition de Saint-Etienne – avaient déjà poussé à cantonner le barrage du Gouffre d’Enfer à son rôle de stockeur de crues. C’est d’ailleurs pour cette raison, qu’il est de nos jours, vide la plupart du temps.

Accès aux promeneurs réduits

En « échanges » de financements accrus sur son Programmes d’actions de prévention des inondations 2022/27 du Furan (Gier et Ondaine ont leur propre « Papi », sur d’autres temporalités) avec une compétence remontée à l’intercommunalité, l’Etat a officiellement transféré le 1er janvier 2024 la propriété du barrage, après une campagne de travaux préparatoires, à Saint-Etienne Métropole qui le gérait déjà par délégation. L’objectif dans le cadre du Papi a été de restaurer puis d’améliorer les capacités de l’ouvrage à faire « barrière ». C’était l’objet des travaux menés essentiellement en 2024 que nous vous décrivions et contextualisions dans cet article, au niveau de l’historique « vantellerie », plus proche d’un autre barrage, plus en amont, celui du Pas-du-Riot qui approvisionne, lui, en eau potable le bassin stéphanois en complément de Lavalette en Haute-Loire. Restaurée, remise en service, la Vantellerie dirige à nouveau le trop « plein d’eau » si besoin vers le réservoir du Gouffre d’Enfer via son canal principal.

Le barrage est vide la plupart du temps, sauf en cas de tests ou sinon témoignant d’un récent déluge. ©If Médias / XA

Ces aménagements ont déjà perturbé l’accès du grand public aux lieux, prisés par les promeneurs et coureurs. A ce sujet, ils ne sont pas encore au bout du chemin dans le coin. La suite de ces travaux mise à jour des protections anti crues a en effet été engagée et, depuis la fin du printemps, le parking du Gouffre d’enfer, côté Rochetaillée donc, est fermé pour cause de travaux. De même, les cheminements les plus classiques pour accéder aux environs de l’édifice ne sont plus accessibles, cependant remplacés par des itinéraires bis. Avec du retard pris par rapport à ce qu’indiquent les panneaux pédagogiques et d’orientation, il en sera ainsi jusqu’en mars 2026, au moins : c’est-à-dire, sans accrocs imprévus, ceux météos en particulier. La phase menée actuellement consiste à revoir la « vanne de fond » du barrage. Plus précisément la maîtrise, le rythme, la capacité de volume d’évacuation des masses d’eau par le barrage.

Un débit d’évacuation considérablement amplifié

« Nous allons passer de tuyaux permettant de lâcher jusque-là un débit d’1,5 m3/sec à 5 m3/sec », expliquait ce jeudi matin Jérôme Boutigny chargé de mission « ouvrages de gestion des crues » à Saint-Étienne Métropole lors d’une visite de chantier médiatisée. Des tuyaux gigantesques avec une canalisation prolongée de l’autre côté du « rocher » pour déboucher sur le parking où sera prochainement creusée et bétonnée une nouvelle « chambre des vannes ». Le mur de soutènement du parking sera refait et la restitution de l’eau à la rivière après ce dernier aussi. Cette phase-là qui s’ajoute donc à la vantellerie et aux travaux anti crues menés sous le rond-point Vélocio – en attendant des aménagements de mise à jour de la rivière sur une parcelle commerciale un peu plus à l’est, avant le tunnel – coûte 2,73 M€ HT au Papi Furan de Métropole donc, en grande partie pris en charge par l’Etat.

Autre prise en charge attendue de sa part, via le fonds Barnier, celle du dédommagement, « encours de négociations », indique le vice-président de Métropole en charge des milieux aquatiques Julien Luya de quelques propriétaires de maisons individuelles dans la vallée du Furan depuis le Gouffre d’Enfer. Bâties trop près de la rivière et déjà surexposée aux risques inondations, elles vont l’être encore davantage avec le nouveau débit potentiel de relâche du barrage. On n’écrête pas mieux sans casser des œufs. Invisible pour l’immense majorité des administrés. Mais bien douloureux pour quelques-uns d’entre eux.