Publié le
24 juil. 2025 à 18h20
; mis à jour le 24 juil. 2025 à 18h28
« Pas une simple alliance électorale, mais une démarche de fond ». Main dans la main, les chefs de file des Écologistes pour les Municipales 2026 à Toulouse et ceux du parti municipaliste Archipel citoyen ont présenté jeudi 24 juillet 2025 « le cap, la méthode et le calendrier » fixés pour la prochaine course au Capitole. Une course qu’ils entendent mener de concert… et avec d’autres partenaires ? Mais lesquels ? Alors que les différentes forces politiques de gauche se sont engagées dans une véritable partie de poker menteur ces dernières heures, c’est toute la question.
La tête de liste ? « Pas la priorité du moment »
« Nous faisons le choix de mettre de côté le bal des egos », claironne tout de go Régis Godec ce jeudi matin, avant d’évacuer : « Le choix de la tête de liste n’est pas la priorité du moment ».
Le chef de file désigné fin 2024 par les écologistes et ses nouveaux alliés ont présenté « la méthode de constitution de la liste de rassemblement au premier tour ». Considérant que la gauche se retrouve « face à une situation bloquée », selon l’aveu d’Hélène Cabanes, ils misent en effet sur « une autre méthodologie » pour parvenir « au rassemblement des formations de gauche ».
Deux partis distincts pour la Mairie et la Métropole (et en parité)
Comme le détaille Lola Bénégui, porte-parole d’Archipel citoyen, ils s’engagent avant tout à « ce que les postes de maire et de présidents la métropole soient attribués à deux partis distincts » et « si possible un binôme paritaire ». « Si possible », car ce dernier point ne paraît pas une mince affaire tant la quasi-totalité des chefs de file désignés par les partis de gauche sont des hommes… à une exception près, celle d’Isabelle Hardy, cheffe de file de Génération·s, qui a cosigné mercredi soir avec les caciques d’autres partis — notamment le PS — un courrier d’appel à l’union de la gauche… sans LFI.
Autre préalable : « Le parti dont sera issue la tête de liste ne pourra pas obtenir la majorité des postes », énumère Lola Bénégui, « ni pour les places dans la liste (en position éligible ou non, NDLR), ni parmi les adjoints ».
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Enfin, chaque formation intégrera parmi ses candidats « des personnes qui n’ont jamais été élus et des personnes discriminées, qui ne sont pas ou peu représentées ».
La main tendue aux autres partis jusqu’au 15 septembre
Écologistes et archipéliens indiquent qu’ils se laissent « jusqu’au 15 septembre » pour « évaluer le poids politique » de chaque formation qui souhaiterait rejoindre la démarche » de rassemblement avant le premier tour », à l’issue de quoi chacun des partis engagés devra procéder, en octobre, au « choix des colistiers ».
En novembre, soit à quatre mois du scrutin, les 69 noms de la liste d’union devront être couchés sur le papier. Ce sont eux « qui voteront pour désigner le binôme » qui représentera leur collectif : l’un pour être maire, l’autre pour être président de la Métropole.
Un processus pour « souder une équipe »
Aux yeux de Maxime Le Texier, qui a lui-même été désigné chef de file d’Archipel citoyen et ne fait pas fi de ses velléités pour être tête de liste, « c’est un dispositif qui a pour but de souder une équipe afin de conduire la campagne et gouverner la ville ». C’est aussi l’occasion de bâtir « une gouvernance partagée », selon Régis Godec, qui rappelle : « Il n’y a plus d’hégémonie de force politique de gauche à Toulouse ».
D’autres formations les rejoindront-ils pour le premier tour… et avant la date butoir de « mi-septembre » ? « Il n’y a pas de désaccord de fond » aux yeux de Régis Godec, qui espère encore faire de cette liste la maison commune de la gauche. Y compris avec les Insoumis ? « Je siège avec LFI depuis cinq ans. Programmatiquement, on n’a rien trouvé de bloquant », appuie Maxime Le Texier.
Pendant ce temps, six partis (dont le PS) réclament l’union… sans LFI
L’annonce de cette conférence de presse des écologistes a-t-elle précipité les choses, à gauche ? Mercredi soir, les chefs de file de six formations ont cosigné un courrier dans lequel ils indiquent que « le samedi 28 juin, à la fédération du PCF de Toulouse, huit partis de gauche se sont réunis et ont affirmé leur possible accord sur le projet pour Toulouse : Archipel, les Écologistes, Génération·s, le MRC, le PCF, Place Publique, le PRG et le PS ».
À l’issue de cette réunion, six de ces huit formations (toutes sauf les Écologistes et Archipel citoyen, NDLR) ont écrit cette lettre appelant à faire liste commune dès le premier tour à Toulouse, car elles considèrent que « toutes les forces politiques (…) œuvrent à un rassemblement, à l’exception de La France insoumise, qui a fait de la tête de liste un préalable ».
Un courrier que n’ont « pas voulu signer » les écologistes et leurs alliés municipalistes, « à cause du préalable sur l’exclusion de LFI », rétorque Régis Godec.
Ils appellent Piquemal à lâcher son « exigence » d’être tête de liste
Autre rebondissement : juste avant cette même rencontre avec les journalistes, c’est la France Insoumise de François Piquemal qui s’est fendue d’un communiqué avec ses alliés de l’Assemblée des quartiers. Quelques lignes dans lesquelles ils « réitèrent » leur « proposition de gouvernance partagée » adressée quelques mois plus tôt aux Écologistes : la tête de liste à la mairie pour le candidat LFI et les rênes de la Métropole pour eux. Une idée vite balayée par Régis Godec, qui taxait le député de vouloir « gouverner tout seul ».
Dans ce communiqué, la future liste Piquemal ajoute : « La France insoumise et l’Assemblée des quartiers se réjouissent du choix d’Archipel citoyen de plébisciter une alliance dès le premier tour avec nos deux mouvements ainsi qu’avec les Écologistes ». Une « réécriture de l’histoire » qui fait tousser chez Archipel, dont les militants ont en réalité… préféré les 10 et 11 juillet l’union avec les Écologistes. « C’est un effet de manche » soupire Maxime Le Texier, qui demande directement à François Piquemal de lâcher la tête de liste :
Aujourd’hui, François Piquemal pose un préalable à ce que ce soit lui la tête de liste. C’est une posture. On lui demande de quitter cette exigence.
Maxime Le Texier
Conseiller municipal et métropolitain (Archipel citoyen) à Toulouse
À l’unisson, Régis Godec appelle « François Piquemal à s’interroger : est-ce qu’il accepte d’entrer dans un processus où la tête de liste ne lui est pas réservée ? Si c’est oui, on peut discuter. Mais si c’est non, c’est un refus ».
À huit mois du premier tour, dans cette Ville rose qui a le cœur à gauche, mais dont le Capitole, épicentre de la vie politique, roule (bien souvent) à droite, le chemin de l’union semble décidément plus long et sinueux que jamais…
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